Près de 10 ans après son premier solo autobiographique, L'inoublié ou Marcel Pomme-dans-l'eau: un récit fleuve, Marcel Pomerlo nous revient en grande forme avec Gaëtan, un solo construit de toutes pièces, coproduit par Momentum et le CNA.

Touchante histoire que celle de ce garçon orphelin, abandonné par sa jeune maman de 15 ans dans les années 60, qui nous raconte sa vie. Ses problèmes de santé - il est né avec «deux coeurs» -, sa relation affective avec une des religieuses, sa tentative avortée de retrouver sa maman et, surtout, son emploi de gardien de nuit dans un musée.

Marcel Pomerlo joue tout en finesse ce texte poétique qui nous fait entrer dans la solitude du jeune homme sans jamais inspirer la pitié. Gaëtan, dépeint comme un simple d'esprit, nous fait l'éloquente démonstration de sa profondeur et de sa sensibilité. Tout cela beaucoup grâce à son contact avec l'Art, qui lui fournira quelques réponses.

Gaëtan aura en effet un coup de foudre pour un tableau de Renoir (Mlle Jeanne Samary), qu'il identifie à sa mère, et encore pour un peintre québécois du nom fictif de Louis-Cristobal Gauthier, qui accompagne ses oeuvres d'art de courtes phrases comme «Tenir en dépit des malgré», qui deviendra son mantra. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, son embauche comme gardien de nuit l'exalte!

De fil en aiguille, Marcel Pomerlo tisse sous nos yeux la toile de sa vie, dans une mise en scène astucieuse, d'une très grande clarté, bonifiée par des extraits sonores percutants et des tableaux de l'artiste visuel Marc Tremblay, qui alimentent sa réflexion sur ses origines. Le titre exact de la pièce, Pièces à assembler à la maison, fait justement référence à ces fragments de vie que le personnage de Gaëtan tente de recoller.

Triste par moments, Gaëtan est une pièce pleine d'humanité et de silences, et oui, de quelques longueurs, mais interprété avec maestria par Marcel Pomerlo. La pièce se conclut avec ces mots de l'auteur Hermann Hesse, laissés par sa mère biologique: «Sans mère, on ne peut pas aimer, sans mère, on ne peut pas mourir.» En espérant que le Quat'Sous fera le plein de spectateurs; ils sont venus en tout petit nombre mercredi soir.

Au Quat'Sous jusqu'au 17 décembre.