La performance de Céline Bonnier et de Clara Furey puise dans les états de crise, inspirée par les Hello Poems de Richard Loranger qui, à chaque page, donne une nouvelle réponse à cette question banale: «Hello... How are you?» Question à laquelle on s'attend à ce que vous répondiez complaisamment: «Ça va, merci.»

Qu'arriverait-il si deux filles, belles et fortes, à qui la question est posée, ne se montraient ni polies ni bien élevées et pétaient les plombs? Si elles exposaient leur état de crise, amoureuse, affective et donc sexuelle, et vous montraient leur sexe en pleine face? Oups, surprise! Ce ne serait ni socialement ni scéniquement correct et c'est ce qui arrive dans cette pièce.

Du même coup, l'espace habituel du Théâtre de La Chapelle est chambardé, en crise lui aussi. Les fauteuils ont changé de place, le bar et les coulisses s'ouvrent sur la scène dont les murs sont tapissés de grandes feuilles sur lesquelles écrire, se jeter, lancer un poisson mort ou son corps apeuré.

Si cette pièce était attendue, c'est que les deux artistes sont précédées par leur réputation: Céline Bonnier et son éclectisme renversant, Clara Furey jamais là où on l'attend, danseuse magnétique, musicienne et chanteuse singulière. Ensemble, elles sont d'aussi grandes interprètes que séparément, offrant une complémentarité crédible, complice et cohérente.

Les scènes s'enchaînent, certaines inattendues qui frappent l'oeil et l'esprit. Mais rien d'autre. On s'en étonne presque. Comment autant de scènes crues, bien interprétées, peuvent à ce point laisser indifférent, échouer à secouer, à choquer ou juste à toucher?

Le tout se perd en longueurs, mais, surtout, ça manque de cohésion, de liant, de propos directeur. Pour le moment, car la pièce va sans doute évoluer. Il y a sur scène deux magnifiques interprètes, mais manifestement ni chorégraphe ni dramaturge.

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Hello... How are you? de et avec Céline Bonnier et Clara Furey, au Théâtre de La Chapelle, jusqu'au 15 octobre.