Pour sa troisième mise en scène en carrière, Alain Zouvi fait son entrée montréalaise au Rideau Vert, à l'invitation de Denise Filiatrault, qui lui a demandé de diriger la pièce Treize à table du Français Marc-Gilbert Sauvajon. Une occasion pour Alain Zouvi de marcher sur les traces de ses parents et de retrouver un parfum d'enfance.

Fils des comédiens Jacques Zouvi et Amulette Garneau, Alain Zouvi peut être considéré comme un enfant de la balle. Il a grandi dans les salles de théâtre, et notamment au Rideau Vert. Il fréquente la même salle de répétition que son père et, sur les murs, il peut voir de nombreuses photos de sa mère. «Je retrouve l'enfant en moi, quand je voyais mon père travailler, dit-il. Je suis fasciné par le travail d'acteur; ça fait 30 ans que je fais ce métier, je ne pensais pas monter une pièce un jour. La mise en scène, pour moi, c'est plus instinctif, c'est moins calculé que le jeu, c'est un élan. En faisant bouger les acteurs, je retrouve vraiment un rêve d'enfance.» Ses parents étant morts, ils ne peuvent le voir dans ce nouveau rôle de metteur en scène, comme l'a déjà été son père, d'ailleurs. «Mais je suis sûr que d'en haut, au fond, il me voit...»

La mise en scène est un cadeau récent dans la vie d'Alain Zouvi. Après Oscar de Claude Manier et Renvoi d'ascenseur de Gérard Lauzier, montés au Théâtre du Vieux-Terrebonne en 2009 et 2010, Alain Zouvi fait ses débuts montréalais avec la pièce Treize à table du Français Marc-Gilbert Sauvajon, à la demande de Denise Filiatrault.

Créée en 1953, cette «comédie de boulevard» s'est inscrite depuis dans le répertoire. Elle raconte l'histoire d'un couple en crise, qui reçoit des invités à la veille de Noël, mais, oh surprise, l'hôtesse découvre qu'il y a en tout 13 invités, nombre fatidique, ce qu'elle ne peut supporter. «Elle ne l'admet pas, mais elle est très superstitieuse, et elle va tout faire pour essayer d'annuler des invitations ou d'en ajouter», explique Alain Zouvi. Car selon elle, il risque d'arriver un malheur.

Justement, une ancienne flamme de son mari arrive à la fête dans le but de le ramener en Amérique du Sud, là où, paraît-il, il a déjà été un héros national... «Le moteur de cette pièce, c'est toujours l'amour, note le metteur en scène. De cette femme pour son mari, qui va réagir à cette nouvelle, car, en quelque sorte, ça va l'exciter de savoir qu'il a été un héros. De cette femme qui arrive au party pour récupérer son amant et qui va découvrir qu'il n'est pas tout à fait l'homme qu'elle imaginait.»

Le théâtre de boulevard n'ayant pas toujours l'estime des élites, pourquoi Treize à table est-elle devenue une pièce de répertoire? «On a souvent de la misère avec le comique au théâtre, ce n'est pas considéré comme important, et pourtant, ça demande un travail d'horloger, estime Alain Zouvi. Quand ça ne marche pas, on le sait tout de suite. Cette pièce exige une mécanique infernale, ça va très vite, les personnages n'ont pas le temps de réfléchir avant d'agir, sinon, ils ne feraient pas les conneries qu'ils font! Tout ça demande une virtuosité de la part des acteurs, qui doivent être capables de changer d'émotion rapidement. Cela demande des acteurs chevronnés.»

Ces acteurs, ce sont Linda Sorgini, Carl Béchard, Anne Casabonne, Frédéric Désager, Évelyne Rompré, Normand Carrière et Guillaume Champoux. «J'ai eu tous les acteurs que je voulais, ce sont tous des gens avec qui j'ai travaillé, et c'est merveilleux de pouvoir les diriger.»

Et la mise en scène est une expérience qu'il compte poursuivre. «J'adore ça, je suis ouvert à tout, au drame, à la comédie.» D'ici la prochaine pièce, on pourra le voir dans Hamlet monté par Marc Béland ainsi que dans un autre spectacle au Vieux-Terrebonne, «un énorme projet» dont il ne peut encore rien révéler.

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Treize à table au Théâtre du Rideau Vert, du 2 novembre au 4 décembre.