C'est une curieuse adaptation de L'étranger que proposent la metteure en scène Moni Grégo et le comédien Pierre-Jean Peters à la salle Fred-Barry depuis quelques jours. Curieuse, car elle tranche sur l'image de gravité associée à Meursault, personnage central du roman de Camus, un homme jugé pour meurtre, mais surtout condamné pour n'avoir pas pleuré aux funérailles de sa mère.

Point de noir ni même de gris dans la proposition de la compagnie française le Théâtre de la mer. Le décor est d'un bleu et d'un beige chaud évoquant le bord de la Méditerranée. Meursault (Pierre-Jean Peters) porte des vêtements pâles à l'allure si décontractée qu'il pourrait passer pour un estivant.

Ce Meursault-là affiche une humeur presque légère, d'ailleurs. Il raconte son histoire comme si c'était celle d'un autre, en se référant parfois à un livre - on devine que c'est un exemplaire de L'étranger. On le sent détaché, mais jamais abattu. L'absurdité de son destin semble même l'émerveiller.

Aller à l'encontre des idées reçues sur Camus n'est pas condamnable en soi, au contraire. Or, ici, la performance n'est pas à la hauteur de la proposition. Pierre-Jean Peters incarne un Meursault presque unidimensionnel. Le plus souvent, il raconte son histoire d'un ton dégagé, presque cool, s'autorisant des mimiques proches de l'ahurissement lorsqu'un événement le dépasse. Il s'emporte peu, sauf lorsqu'il rabroue - avec une force qui détonne - l'aumônier qui le presse d'accueillir Dieu.

La mise en scène souligne par ailleurs avec insistance cette indifférence légère devant les événements. Meursault raconte même son procès et sa condamnation en pelant une orange puis en mangeant une banane! Sans compter que le jeu de Pierre-Jean Peters, qui emprunte un ton presque enfantin par moments, est inégal. L'angle d'attaque est intéressant, mais le spectacle ne convainc guère.

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Jusqu'au 23 octobre à la salle Fred-Barry.