Le corridor de commerce Saint-Laurent-Grands Lacs joue un rôle stratégique pour les échanges commerciaux entre l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud et l'Europe. Or, ses différents usagers ont tout intérêt à assurer la conservation de cet axe de transport maritime où sont acheminées quelque 250 millions de tonnes de marchandises annuellement.

« L'amélioration des pratiques environnementales est maintenant ancrée dans l'industrie qui a été appelée à améliorer sa performance », affirme Nicole Trépanier, PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES).

Ces efforts découlent entre autres d'une Stratégie de navigation durable mise en place en 2004 par les gouvernements canadien et québécois. Elle vise à « adapter les pratiques des intervenants de la navigation commerciale et de plaisance aux impératifs de durabilité environnementale, économique et sociale », explique Marie-Anyk Côté, porte-parole de Transports Canada.

Le transport maritime des hydrocarbures, l'érosion des berges, la lutte contre les espèces envahissantes et la protection des mammifères marins sont parmi les enjeux environnementaux.

Programme de certification environnementale

Le port Canaveral, situé sur la côte est de la Floride, est devenu au début de l'année le 100e membre de l'Alliance verte. Un jalon important pour ce programme de certification environnementale lancé au Québec, mais dont la portée est aujourd'hui nord-américaine.

D'autant, qu'il se fait « sur une base volontaire et incite les entreprises à améliorer leur performance environnementale au-delà de la réglementation », souligne le directeur général de l'Alliance verte, David Bolduc, qui note ainsi l'intérêt grandissant de l'industrie maritime pour le transport durable.

Depuis sa création en 2007, ce programme environnemental compte trois fois plus de participants qui sont des armateurs, des ports, les corporations de gestion de la Voie maritime, des terminaux et des chantiers maritimes.

Ils doivent se soumettre à une vérification externe qui comporte 12 indicateurs de rendement traitant d'enjeux environnementaux tels que les émissions atmosphériques polluantes, les gaz à effet de serre, les espèces aquatiques envahissantes ou la gestion des déchets. Les résultats individuels de chaque entreprise sont rendus publics. L'an dernier, la moyenne des participants de l'Alliance verte a atteint 3,2, sur une échelle de 1 à 5, comparativement à 2 lors de la première année du programme.

Alimentation électrique à quai

Au port de Montréal, les navires remisés pendant l'hiver passent maintenant la saison froide branchés au quai.

Depuis l'an dernier, un système d'alimentation électrique leur permet d'arrêter les moteurs diesels et de se raccorder au réseau hydroélectrique pour maintenir l'alimentation dont ils ont besoin quand ils sont amarrés.

« Les navires utilisent une source énergétique propre et renouvelable, au lieu des moteurs de génératrices à bord qui consomment des carburants fossiles », explique Mélanie Nadeau, directrice des communications au Port de Montréal.

Les navires de croisière, devenus de petites villes flottantes dont la demande en énergie est considérable pour maintenir l'éclairage, le chauffage ou la climatisation à bord lorsqu'ils sont accostés, peuvent aussi se brancher et faire d'importantes économies de carburant.

Le système d'alimentation électrique à quai du Port de Montréal, implanté au coût de 11 millions de dollars, permettrait des réductions annuelles d'émissions de gaz à effet de serre (GES) de 2800 tonnes par année. Le Port de Québec a aussi mis en place des infrastructures d'alimentation électrique à quai des navires de croisières.

Des navires plus écologiques

En avril 2015, lors de l'ouverture annuelle de la Voie maritime à la navigation des cargos entre Montréal et les Grands Lacs, l'armateur Canada Steamship Lines (CSL) a inauguré le CSL Saint-Laurent.

 L'acquisition de ce sixième navire de la Classe Trillium lui permet de compter aujourd'hui sur une flotte de toute dernière génération conçue pour réduire son empreinte écologique.

« L'importance du transport maritime durable ne doit pas être sous-estimée, car elle assure le succès futur de l'industrie et fait partie intégrante de la réalisation d'objectifs de société plus larges », mentionne Nathalie Sykora, vice-présidente, opérations techniques et environnement chez Canada Steamship Lines.

Ces nouveaux navires sont équipés d'une technologie de moteur qui, jumelée à une conception de coque de pointe, optimisent le rendement du carburant et réduisent les émissions atmosphériques. Des systèmes de manutention de marchandises plus perfectionnés minimisent aussi la poussière et les résidus de cargaison.

L'intégration de navires plus écologiques, la mise au rancart de quatre cargos plus vieux et moins efficaces, ainsi que diverses mesures d'économie de carburant, ont entraîné une réduction de son empreinte carbone. Depuis 2012, les efforts de CSL ont permis de diminuer de 25 903 tonnes ses émissions d'équivalent CO2, dont 6250 tonnes en 2015.

PHOTO FOURNIE PAR LE PORT CANAVERAL

Le port Canaveral sur la côte est de la Floride.

Photo fournie par le Port de Montréal

Depuis l'an dernier, un système d'alimentation électrique permet aux navires d'arrêter les moteurs diesels et de se raccorder au réseau hydroélectrique.