Dans les ports québécois, le mot «agrandissement» est décidément à la mode. De Montréal à Sept-Îles, en passant par Québec, les activités portuaires connaissent une période faste alors que leurs installations commencent à dater.

«Le corridor Saint-Laurent - Grands Lacs affiche une croissance importante de son activité avec l'Asie, de l'ordre de 50% entre 2011 et 2012», se félicite Nicole Trépanier, la présidente de la Société de développement économique du Saint-Laurent. «Mais nous devons renforcer la capacité du corridor pour être en mesure d'accueillir cette croissance.»

Face à la concurrence des autres voies maritimes du continent, la priorité est de faciliter les opérations logistiques. «Il est important de moderniser nos infrastructures, plus âgées que les installations portuaires américaines. La manutention doit être fluide et rapide pour atteindre rapidement les marchés», ajoute Mme Trépanier.

Vers un quai supplémentaire à Québec

Le Port de Québec envisage un investissement de 550 millions pour ajouter un quai à son terminal du secteur de Beauport. Il faut préciser qu'avec une hausse de 14% de son activité en 2012, l'organisme voit diminuer sa marge de manoeuvre. «Nous travaillons à pleine capacité, mais nous arrivons à la croisée des chemins», explique Anick Métivier, le directeur adjoint aux communications et relations publiques du Port de Québec. «Il nous est arrivé d'avoir six navires à l'ancrage, en attente d'être transbordés, ce qui n'est pas bon pour la renommée du port.»

Le dernier port en eaux profondes avant les Grands Lacs compte ainsi accroître son avantage concurrentiel devant ses compétiteurs de la Louisiane et de la côte est américaine. Ce port de transit spécialisé dans le vrac solide et liquide (produits miniers et sidérurgiques, fer, agro-alimentaire, produits pétroliers) leur dispute l'accès à l'intérieur du continent. À Québec, les immenses navires océaniques sont transbordés sur les petits laquiers, capables d'acheminer les marchandises en amont du Saint-Laurent.

Un quai en construction à Sept-Îles

Sur la Côte-Nord, les travaux battent leur plein depuis l'été 2012 au Port de Sept-Îles. Un quai multi-usager au coût de 220 millions de dollars sera construit à Pointe-Noire d'ici le milieu de l'année 2014.

En 2012, le port a manutentionné 28 millions de tonnes, un record depuis les années 1970. Le Port de Sept-Îles a affiché une croissance de 7,5% de ses activités, tirée par l'appétit des pays émergents pour le minerai de fer. En effet, 80% de cette hausse est attribuable au développement de la production de Labrador Iron Mines.

Pour répondre à cette demande continue, le quai supplémentaire, construit en eaux profondes, permettra d'accueillir des navires minéraliers de 200 000 tonnes, et à plus long terme, les super-minéraliers Chinamax de 400 000 tonnes. Le port étendra ainsi sa capacité annuelle de manutention à 50 millions de tonnes.

Toujours plus de conteneurs à Montréal

Et à Montréal? Les résultats n'y sont pas si bons que dans les autres grands ports québécois, avec une diminution de l'activité de 0,4% en 2012 comparativement à l'année précédente. Premier marché du port, le trafic de conteneurs s'est réduit de 3,6%, en raison du ralentissement économique aux États-Unis et en Europe.

Cela n'a pas empêché l'administration portuaire de lancer pour 44 millions de dollars en travaux dans le secteur Viau, où un terminal de vrac solide est en cours de transformation en terminal de conteneurs. Une fois le chantier achevé, le port aura hissé sa capacité de manutention à 1,8 million de conteneurs, contre 1,6 million actuellement.

Le Port de Montréal anticipe ainsi sur le redémarrage de l'économie mondiale. «Dès que la reprise économique se produira aux États-Unis et en Europe, on aura besoin de cette capacité», prévoit Yves Gilson, le chef des communications du Port de Montréal.