Les affaires roulent pour Nova Bus. L'entreprise de Saint-Eustache prévoit lancer ses premiers autobus électriques d'ici la fin de 2015. Elle commencera aussi sous peu la livraison des 475 autobus hybrides commandés l'an dernier par neuf sociétés de transport québécoises. Il s'agit de la plus grosse commande pour ce type de véhicules reçue à ce jour par le Groupe Volvo, propriétaire de Nova Bus. Entrevue avec Jean-Pierre Baracat, président de Nova Bus.

Q Où en est rendu votre projet d'autobus électrique?

R Nous en sommes à notre deuxième prototype, et un troisième est prévu. Dès la fin de 2015, trois autobus électriques Nova LFSe rouleront à Montréal pour des essais hors service. Les essais avec la clientèle se feront de 2016 à 2018.

Nous faisons aussi partie du Consortium Bus Électrique, organisme sans but lucratif qui a reçu une subvention de 30 millions du gouvernement du Québec. Avec d'autres entreprises québécoises, nous participons au développement d'un autobus électrique de 40 pieds.

Q Adopter l'autobus électrique nécessite-t-il une adaptation importante des sociétés de transport?

R La façon de fonctionner sera différente. Avec un autobus diesel, on peut quitter le garage et rouler jusqu'à 27 heures d'affilée. Le véhicule électrique a une autonomie moins longue. On vise une recharge régulière de cinq à six minutes en fin de ligne.

Q En quoi votre véhicule se démarquera-t-il de l'autobus électrique chinois mis à l'essai récemment par la STM?

R L'autobus que la STM a essayé compte énormément de batteries. Celles-ci permettent une autonomie plus grande. Notre approche est d'en mettre moins, ce qui laisse de l'espace pour accueillir davantage de passagers. Notre véhicule recevra des recharges de courte durée, généralement en fin de ligne, au lieu d'une recharge de quelques heures.

Q Comment le prix de votre autobus électrique se comparera-t-il à celui d'un véhicule traditionnel?

R Pour l'instant, il n'y a pas de prix final, mais c'est plus cher en raison des batteries. Par contre, la fiabilité des véhicules électriques devrait être plus grande, car il y a moins de systèmes. C'est plus simple.

Q Quel avenir entrevoyez-vous pour l'autobus électrique?

R Je suis convaincu que c'est le mode de transport du futur, mais cela va prendre du temps. Plusieurs villes américaines et canadiennes ont manifesté de l'intérêt pour essayer le nôtre. Néanmoins, la priorité demeure la Ville de Montréal pour l'instant. Nous commençons modestement, mais notre intention est de devenir un leader de l'électrification des transports.

Q Vous avez conclu un important contrat avec des sociétés de transport québécoises pour des véhicules hybrides. Avez-vous des projets pour continuer à améliorer ce produit?

R Nous travaillons à la création d'autobus hybrides rechargeables. Actuellement, l'autobus hybride récupère l'énergie normalement perdue au freinage. Avec le véhicule rechargeable, les batteries seraient chargées au maximum le matin. On pourrait les utiliser davantage durant la journée. Cela permettra d'économiser encore plus de carburant. Ce produit devrait être offert d'ici deux à quatre ans. Il devrait être possible de convertir les hybrides en hybrides rechargeables lorsque la technologie sera plus avancée.

Q Avez-vous d'autres contrats importants à venir?

R Nous venons tout juste de signer une entente évaluée à 32,6 millions avec la Toronto Transit Commission, la plus grosse société de transport collectif au Canada. C'est une commande pour 55 autobus de 40 pieds propulsés au diesel.

Nova Bus en chiffres

> 1000 employés, dont 750 au Québec

> 50% des parts de marché au Canada

> 15% des parts de marché aux États-Unis l'an prochain

> 40% d'économie possible de carburant avec un autobus hybride