La santé faisait mal.

En 2007, les primes d'assurances collectives de CMP Solutions mécaniques avancées, une entreprise d'usinage de précision et de travail du métal en feuille, avaient encore augmenté de 30%.

Pour l'usine de Châteauguay et ses 200 travailleurs, les coûts annuels s'élevaient alors à près de 700 000$. Ces frais étaient partagés également entre l'entreprise et ses employés, mais ce n'était pas un soulagement. «Ce n'est pas agréable de rencontrer nos employés pour leur dire que pour les mêmes bénéfices, ça va coûter 30% plus cher», évoque Michel Labrecque, vice-président ressources humaines. Son président lui a alors demandé de limiter «les coûts et de voir au bien-être des employés».

Michel Labrecque a présenté une étude de cas, dans laquelle il a appliqué plusieurs principes du programme Entreprise en santé - un mode d'emploi pour l'amélioration de la santé des employés.

«Il s'agit d'apporter dans l'entreprise une culture de responsabilité partagée à l'égard de la santé», décrit la présidente de l'organisme sans but lucratif GP2S, instigateur de ce programme. «On ne peut pas implanter une culture en faisant deux ou trois activités en deux week-ends: il faut s'investir comme organisation. Mais ça rapporte.»

Et CMP s'est investi. Michel Labrecque a mis son projet de santé et mieux-être sur pied, l'a placé entre les mains d'un comité de huit personnes, à la tête duquel une employée a été nommée. Bref, tout le corps de l'entreprise a été mis à contribution.

Pour agir, il fallait d'abord cerner les cibles. L'assureur et le courtier de CMP ont établi les quatre principales sources d'indemnisation de leur client: le stress, les troubles musculo-squelettiques, les malaises digestifs et les problèmes cardiovasculaires.

Chaque activité mise en place par le comité devait agir sur l'un ou l'autre de ces facteurs.

Pour partir du bon pied, le comité a organisé une journée spéciale de lancement qui a montré l'importance que la direction accordait à ce programme - cette impulsion bien sentie est essentielle. Avec le soutien du CSSS local, chaque employé qui le souhaitait a pu obtenir un bilan de santé et rencontrer un spécialiste de chacun des quatre volets: un kinésiologue, une nutritionniste, une infirmière et un psychologue.

Puis les activités se sont enchaînées. On a formé des équipes «5-30», qui s'engagent à consommer 5 fruits et légumes par jour et à faire 30 minutes d'exercices quotidiens pendant six semaines. Avec le programme «Bonne boîte, bonne bouffe», les employés ont accès à des produits maraîchers frais. On donne des ateliers sur la nutrition, la prévention du stress ou la détection de diverses maladies. Des tournois sportifs sont organisés.

Même si CMP suit les principes de la norme Entreprise en santé, elle n'a pas demandé la certification correspondante. «C'est un coût important que l'entreprise n'a pas les moyens de se permettre pour l'instant», indique Michel Labrecque.

Récolter les fruits

Des résultats? «À un point où quelquefois, je me pince pour voir si c'est vrai!», s'exclame le vice-président.

L'augmentation des coûts d'assurance est passée de 30% par année en 2007 à 23% l'année suivante, puis à 14% et à 7%. Le contrat vient d'être renouvelé avec une baisse annuelle de 3% pour les deux prochaines années - une bonne nouvelle que le vice-président se réjouit d'annoncer aux employés.

«On a fait de petits miracles avec pratiquement aucun budget», assure-t-il. Pour un investissement de 40 000$ en cinq ans, essentiellement en temps libéré pour les employés, CMP a réduit ses dépenses de 250 000$ par année.

Bénéfice pas du tout marginal, le taux de roulement est passé de 12% en 2009 à 3% l'année suivante.

Le défi est de continuer dans la même direction. «C'est une question de discipline. Il ne faut pas lâcher nos rencontres mensuelles, sinon ça va tomber.»

Mais un quart de million et une meilleure santé sont des aiguillons efficaces.