L'avenir des cercueils est-il teint de noir?

Il est certainement mouvementé, constate Michel Lafleur, professeur de management à la Faculté d'administration de l'Université de Sherbrooke, et lui-même administrateur à la Coopérative funéraire de l'Estrie.

«On voit depuis sept ou huit ans un renversement rapide», dit-il. «Il y a une dizaine d'années, environ 70% des funérailles se faisaient de façon traditionnelle, avec un cercueil qu'on achetait la plupart du temps.»

Dans la région de Montréal, les obsèques sans cercueil occuperaient à présent 50% du marché. «Les données nous disent que dans trois ou quatre ans, cette part aura atteint de 60 à 70%.»

Si la tendance qui se dessine aux États-Unis migre vers le Canada, on pourrait voir bientôt nos Wal-Mart vendre des cercueils à prix réduits. «On est dans une mutation complète de ce secteur, et elle n'est pas terminée», soutient Michel Lafleur.

Les suggestions

Comment réagir?

L'accroissement de l'exportation ne lui apparaît pas une solution viable, en raison du volume et du poids des cercueils, et par conséquent du coût de leur transport.

Les marchés particuliers, auxquels le Groupe Victoriaville répond déjà très bien, ne semblent pas non plus en voie d'expansion. «Dans les autres communautés religieuses, on observe que la crémation prend là aussi de l'importance, indique Michel Lafleur. À moyen terme, ce n'est pas avec ce créneau qu'on pourra employer 400 personnes.» Le Groupe Victoriaville devra peut-être se résoudre à diversifier sa production - et, paradoxalement, retourner à ses origines.

«Il va falloir qu'ils se dirigent vers des productions connexes, où ils seront en mesure de travailler à partir de leurs compétences. Ils sont dans le bois, dans l'assemblage, et ils ont une certaine notoriété pour les petits trucs technologiques comme les dispositifs de fermeture de cercueils. Ils devront appliquer ces compétences à d'autres produits que les cercueils.»

Il faut chercher ailleurs, voir autrement. Un exemple: le mobilier pour avion d'affaires. «Peu importe le produit, il faudra qu'ils se distinguent par quelque chose plutôt haut de gamme.»

Les précautions

Ce n'est pas encore la fin du cercueil, beaucoup s'en faut. Il ne s'agit pas de délaisser totalement ce secteur d'activité. «Ils n'ont pas nécessairement besoin de changer du jour au lendemain. Il faudra alors que cette nouvelle avenue soit bien implantée et que tranquillement, le cercueil traditionnel ne soit plus la vache à lait de l'entreprise.»

Cependant, ce changement doit se faire graduellement, sans hâte. «Il faut prendre le temps de prendre cette décision», prévient-il.