Lefko, une PME de Magog, s'appuie sur le juste à temps pour adapter sa production aux besoins immédiats de ses clients.

«Entre 2002 et 2005, 70% du chiffre d'affaires est parti chez des concurrents en Asie et au Mexique», se rappelle Sylvain Lamoureux, directeur général du fabricant de pièces en matières plastiques par un procédé d'extrusion-soufflage.

Du coup, Lefko se retrouve en difficulté sur les productions à grandes séries, comme les jouets pour enfants.

«La production était lancée pour la semaine ou pour le mois, sans temps de mise en course», se souvient M. Lamoureux.

L'entreprise décide de se tourner alors vers la fabrication sur mesure de produits plus techniques, vendus à d'autres manufacturiers plutôt qu'aux consommateurs.

La réactivité devient primordiale. La méthode du juste à temps s'impose. «On utilisait déjà les principes, mais il a fallu les appliquer à vitesse grand V», souligne M.Lamoureux.

S'organiser autrement

L'entreprise conserve les mêmes machines, mais s'organise autrement.

«Nous avons ajusté nos équipements pour diminuer nos lots de production et pour minimiser les stocks», explique M. Lamoureux.

Toutes les idées sont bonnes pour trouver des solutions. «En interne, nous avons effectué des réglages qui n'étaient pas prévus par les fabricants des machines», dit-il.

Les progrès sont spectaculaires. En six ans, Lefko réduit de moitié le temps moyen de mise en course, c'est-à-dire le délai nécessaire au changement de production sur une même machine.

Certaines machines peuvent en effet fabriquer douze produits différents. «Quand on change de production, il ne faut pas perdre de temps», souligne M. Lamoureux.

Le temps de réglage ayant diminué, le fabricant en profite pour multiplier par 2,5 le nombre de mises en course, permettant de varier davantage ses productions.

L'entreprise parvient ainsi à remonter la pente. «En deux à trois ans, on a récupéré la moitié du chiffre d'affaires perdu, avec une plus grande valeur ajoutée», précise Sylvain Lamoureux.

Nouveaux clients

Le juste à temps a aussi permis à Lefko de toucher de nouveaux clients qui étaient à la recherche d'un fournisseur capable d'ajuster quotidiennement sa production en fonction de leurs besoins.

Les clients assemblent eux-mêmes des produits différents chaque jour. Leur besoin en pièces évolue donc aussi tous les jours.

Lefko reçoit la commande le soir, le camion vient chercher les pièces le matin. «C'est un service de livrer un nombre variable de pièces. Mais ce n'est pas un service de livrer tous les jours quatre camions de pièces», illustre le directeur général.

La méthode donne également à Lefko une longueur d'avance sur le marché local. «Un client peut venir ramasser ses pièces tous les jours, dit-il. Mais il ne peut pas faire la même chose avec les fabricants chinois. Cela sécurise nos marchés.»

Moins d'entreposage

Lefko a aussi réduit ses coûts liés au stockage des produits finis. «L'entreposage, c'est un gaspillage important, souligne Sylvain Lamoureux. Quand nous avons des défauts de fabrication, le coût est moins élevé. Au lieu de reprendre 10 000 pièces, on en reprend 1000.»

Quand on demande au dirigeant si le juste à temps a apporté une réponse définitive à son entreprise, la réponse arrive rapidement.

«Ce n'est pas un processus avec un début et une fin. Chercher à réduire les gaspillages, c'est perpétuel, martèle-t-il. Cela peut paraître facile de changer les choses. Mais sans rigueur, les choses reviennent comme dans le passé.»

QU'EST-CE QUE LE JUSTE À TEMPS?

La méthode du juste à temps consiste à réduire au strict minimum les stocks et les en-cours de production. Cette approche logistique conduit à produire à la commande: soit sur demande du client, soit parce que l'étape suivante de fabrication le réclame. L'entreprise s'enlève tout droit à l'erreur, car un seul problème peut paralyser toute la suite de la production.