Un camion à benne de collecte des déchets et matières recyclables plus écologique, conçu au Québec, s'apprête à prendre les routes non seulement ici, mais aussi chez nos voisins du Sud et même en Europe.

« Il y a un immense potentiel pour une nouvelle génération de camions de collecte qui génère des économies de coût et d'énergie », constate Patrick Charbonneau, président de Durabac, entreprise de Granby qui se spécialise dans la fabrication d'équipements environnementaux, comme des bacs roulants ou des conteneurs de recyclage et de récupération, offerts sous différentes marques.

Les camions sur le marché dans le domaine de l'enlèvement des matières résiduelles à chargement latéral automatisé datent d'une trentaine d'années et sont faits en acier. Or, Durabac est en voie de commercialiser un véhicule baptisé « Détritube » qui offre une importante avancée technologique dans cette industrie. « Le problème dans le domaine des transports, c'est le poids des véhicules. Là, on réinvente la collecte et on se démarque des véhicules offerts sur le marché », souligne M. Charbonneau.

L'AVANTAGE DE L'ALUMINIUM

La benne cylindrique de Durabac a la particularité d'être entièrement construite en aluminium, de même que son bras automatisé. Elle pèse ainsi deux tonnes, soit 30 % de moins, que les bennes standards en acier et peut contenir 30 % plus de déchets ou de matières recyclables. L'économie d'espace et sa légèreté lui permettent donc de réduire sa consommation de carburant et, du même coup, ses émissions de gaz à effet de serre.

En transportant davantage de matières, « le camion fera moins d'allers-retours entre les lieux de la collecte et de leur disposition », fait valoir M. Charbonneau, en précisant que les utilisateurs de camions-bennes pourront diminuer leurs coûts d'exploitation de plus de 20 % par rapport aux bennes traditionnelles.

Autre avantage sur la concurrence, qui comprend une dizaine de constructeurs, principalement américains : « Comparativement à l'acier, l'aluminium n'est pas corrosif et la durée de vie des camions est plus longue », indique M. Charbonneau. Or, les matières organiques, avec leur haut pourcentage de liquide, sont très corrosives. L'entreprise entend donc faire valoir ces attributs alors que la collecte des matières compostables par les municipalités gagne en popularité.

LE MARCHÉ DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES

Le Détritube a été conçu à l'origine par Véhicules Inpak, entreprise de Drummondville lancée en 2010 qui en avait créé deux prototypes, après une année consacrée à la recherche et au développement. En août 2014, Durabac acquérait les actifs de même que les plans, devis, brevets et marques de commerce d'Inpak, qui n'arrivait pas à commercialiser son invention et devait fermer boutique.

Depuis, l'entreprise a poursuivi le développement et amélioré la performance de la benne, tout en travaillant à optimiser la chaîne de production. « On se serait tiré dans le pied si on s'était tout de suite lancés dans un processus de production et de commercialisation à grande échelle », indique M. Charbonneau, en précisant que l'entreprise a vendu à ce jour une demi-douzaine de bennes, dont le prix oscille entre 150 000 et 160 000 $.

Durabac, qui prévoit appuyer sur l'accélérateur d'ici 2017, lorgne un marché d'utilisateurs nord-américains qui achètent de 500 à 700 camions d'enlèvement des matières à chargement latéral. « Si on peut accaparer de 5 à 10 % de ce marché d'ici 3 à 5 ans, on sera très contents », dit M. Charbonneau, conscient que la valeur du dollar canadien sera aussi un atout pour percer le marché américain.

L'entreprise a même été approchée par un fabricant européen de châssis de camions de collecte électriques qui souhaiterait les équiper de la benne conçue par Durabac.

DURABAC EN UN COUP D'OEIL

FONDATION : 1996

FABRICANT D'ÉQUIPEMENTS ENVIRONNEMENTAUX (BACS ROULANTS, CONTENEURS, BENNES)

REVENUS : 20 millions

NOMBRE D'EMPLOYÉS : 115

SIÈGE SOCIAL : Granby

Photo André Pichette, La Presse

Patrick Charbonneau, président de Durabac.

Photo fournie par Durabac

Durabac, qui prévoit appuyer sur l'accélérateur d'ici 2017, lorgne un marché d'utilisateurs nord-américains qui achètent de 500 à 700 camions d'enlèvement des matières à chargement latéral.