Depuis qu'il était tout jeune, Deni Lamonde profitait du moment présent sans vraiment penser au lendemain. Il s'enfonçait toujours plus profondément dans les dettes avec ses cartes de crédit. Jusqu'à ce qu'il décide, à la mi-cinquantaine, de prendre un virage à 180 degrés. Le nouveau retraité, qui aura 69 ans demain et qui est maintenant établi à Québec, près de sa famille, a accepté de raconter son histoire à La Presse.

PRISE DE CONSCIENCE BRUTALE

Installé à Vancouver, Deni Lamonde changeait souvent d'emploi. Son salaire annuel n'était jamais très élevé, souvent à moins de 30 000 $. Chaque mois, il mettait ses factures sur la table et il choisissait lesquelles il payerait... et bien souvent, qu'en partie ! Il faisait rarement plus que le paiement minimum sur ses cartes de crédit, donc sa situation empirait toujours. Jusqu'au moment où, arrivé au milieu de la cinquantaine, il a commencé à être appelé régulièrement par un agent de recouvrement. « Il était impoli, il a rendu ma vie insupportable, se souvient Deni Lamonde. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de changer. »

SE PRENDRE EN MAIN

Après avoir envisagé la faillite, Deni Lamonde a plutôt décidé de rembourser ses dettes. Il s'est mis à lire sur les finances personnelles et il est allé chercher des conseils de professionnels. Il s'est imposé une discipline de fer et a réduit ses dépenses. La première règle qu'il s'est donnée : ne jamais laisser son compte en banque baisser à moins de 1000 $. Ainsi, il pouvait payer ses factures courantes sans problème. « Ça a été vraiment une délivrance, s'exclame-t-il. Mon stress a été réduit énormément. » Il a pris goût à cette nouvelle liberté et le minimum de 1000 $ dans son compte en banque est passé à 2000 $, puis à 3000 $.

« Environ 80 % du succès financier se trouve dans le comportement des gens plutôt que dans le choix des placements. Il faut d'abord arrêter de vivre au-dessus de ses moyens et payer ses dettes. »

- Simon Préfontaine, planificateur financier chez Lafond

AUGMENTER SON SALAIRE

À 58 ans, Deni Lamonde trouvait que les choses avançaient, mais pas assez rapidement. Plusieurs de ses amis lui conseillaient de trouver un emploi plus payant dans le Nord. « Je me suis finalement résolu à quitter Vancouver et mes amis que j'aimais tant, puis j'ai dû mettre mes valeurs de côté pour aller travailler dans le gaz de schiste à Fort St. John. J'ai trouvé ça extrêmement difficile », explique celui qui vient de commencer à faire du bénévolat pour les AmiEs de la Terre de Québec. Il travaillait dur, souvent 70 heures par semaine, mais son salaire a presque quadruplé. 

« Ça prend énormément de volonté pour réduire ses dépenses et c'est difficile de garder une discipline très stricte à long terme. Surtout lorsqu'on a un revenu modeste et que chaque petite décision a un gros impact. Aller en plus se chercher un emploi plus payant vient vraiment aider l'atteinte des objectifs, même si c'est un énorme sacrifice. »

- Simon Préfontaine



LA MAISON QUI SE PAYE TOUTE SEULE

M. Lamonde continuait à payer ses dettes le plus rapidement possible et il mettait de côté 1000 $ par mois. Lorsqu'il s'est retrouvé avec 13 000 $, il s'est dit qu'il avait une belle mise de fonds pour acheter une maison. « La banque m'a dit qu'elle me prêterait 160 000 $, ce qui m'aurait permis d'acheter un taudis, raconte-t-il. Finalement, j'ai trouvé une maison avec un loyer au sous-sol et je suis revenu à la banque pour demander 260 000 $ pour l'acheter. Ça a fonctionné. » C'est dans le logement du sous-sol que Deni Lamonde s'est installé. « Mon locataire payait mon hypothèque. Je l'appelais "my free house" et sa valeur augmentait constamment. »

« Le marché a été favorable dans son cas, mais cela dépend beaucoup du moment de l'achat, du type de propriété et de la région où elle est située. Puis, il ne faut pas négliger le fait qu'une maison exige aussi qu'on l'entretienne, donc c'est du temps et de l'argent. »

- Simon Préfontaine

LA RETRAITE ESPÉRÉE

Deni Lamonde pensait prendre sa retraite à 65 ans, mais il a finalement décidé de travailler deux ans de plus pour en avoir encore davantage pour sa retraite. Il a réalisé un bon profit en vendant sa maison et est allé s'installer à Québec, près des siens. Alors que sa pension gouvernementale permet de payer le strict minimum, ses économies font toute la différence. « Je peux survivre à bien des imprévus, conduire une bonne voiture et me payer des gâteries. »

Il peut aussi se permettre de voyager chaque année. Il rêve d'ailleurs de faire le pèlerinage des 88 temples au Japon, le printemps prochain, pour le terminer en plein spectacle des cerisiers en fleurs. Qui aurait cru à un tel revirement de situation il y a à peine 10 ans ?

« Il n'est jamais trop tard pour se prendre en main. L'objectif, c'est d'arriver à améliorer son sort pour les années qui restent et l'impact de sa succession aussi sur ses proches. Des efforts qui viennent vraiment changer des vies. »

- Simon Préfontaine