Le gouvernement du Québec doit utiliser le fonds de la Société du Plan Nord pour soutenir financièrement les entreprises de la Côte-Nord lors de ralentissements économiques comme celui qui plombe la région actuellement, estime un comité d'urgence composé des principaux acteurs socioéconomiques de la région.

La Côte-Nord connaît des heures difficiles, et Sept-Îles en est le baromètre. En un an et demi, plus de 1600 emplois ont disparu dans cette ville de 27 000 habitants. Toutes proportions gardées, «c'est comme si 40 000 emplois disparaissaient à Montréal. Je vous laisse imaginer l'impact», dit Marc Brouillette, président de la Chambre de commerce de Sept-Îles.

Un comité d'urgence a été créé lorsque Cliffs Natural Resources a annoncé la fin des activités de la mine du lac Bloom, en novembre. Il est composé des villes de Fermont et de Sept-Îles, des chambres de commerce et des organisations corporatives de Port-Cartier et de Sept-Îles

Le gouvernement du Québec a la responsabilité d'agir rapidement, indique Marc Brouillette. Le comité espère que le gouvernement précise les détails d'utilisation d'un fonds de la Société du Plan Nord.

Celui-ci pourrait servir à assurer les transitions lors de périodes de ralentissement en finançant des «formations continues» pour les travailleurs qui perdent leur emploi et aider les entreprises qui doivent réajuster leurs activités.

Le Plan Nord ne doit pas être que promesses. «Nous en entendons parler pour ses bons aspects, mais moins souvent pour ses aspects moins bons. Et là, on vit un des aspects moins bons du Plan Nord», indique Marc Brouillette.

Des faillites annoncées

Depuis l'arrêt de production de l'usine de bouletage de Cliffs en juin 2013 - 565 mises à pied -, la région collectionne les mauvaises nouvelles.

En février, en plaçant ses installations minières du lac Bloom sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, l'américaine Cliffs Natural Resources semble avoir décidé du sort de nombreuses entreprises.

«À cause de la requête de Cliffs, plusieurs de nos membres ne seront pas payés à court terme, ce qui crée une pression financière considérable», dit Marc Brouillette. Les sommes dues aux entreprises de la région vont de «quelques milliers de dollars à plusieurs millions».

Par-dessus tout, ce sont les impacts permanents de ce ralentissement que craignent Sept-Îles et les villes environnantes. «Il y a certaines des entreprises en difficulté qui sont des joyaux locaux. On risque de les perdre si on n'agit pas», dit M. Brouillette.

Qui plus est, les travailleurs qualifiés extérieurs - fruits d'efforts constants au cours de la dernière décennie - commencent à quitter la région. «Avec un exode de nos travailleurs, c'est une expertise difficilement remplaçable qui part et qui risque de ne pas revenir lorsqu'il y aura reprise», dit-il.

Combattre le ralentissement

Le Québec doit profiter du ralentissement pour jeter les bases de la reprise, indique Marc Brouillette, rappelant qu'il «y a eu des occasions ratées, très intéressantes, à cause du manque d'infrastructures.»

Il cite l'exemple de l'aciériste autrichien Voestalpine, qui a préféré le Texas à Sept-Îles pour un projet de transformation puisqu'il était difficile de s'approvisionner en gaz sur la Côte-Nord.

Qu'adviendra-t-il si aucune initiative n'est mise rapidement de l'avant? «Nous ne pouvons même pas nous permettre d'envisager cette voie. Le statu quo n'est pas une option. Notre position ne peut être plus claire», répond Marc Brouillette.

Réponse du gouvernement

Par courriel, le cabinet du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a indiqué que les entreprises locales et régionales pourront sous peu se tourner vers le bureau de commercialisation qui sera mis en place par la Société du Plan Nord. Ce guichet offrira de «nombreuses possibilités reliées au Plan Nord», a-t-on indiqué, sans plus de détails.

Quant aux responsabilités qui incombent au gouvernement, on écrit qu'il doit jouer «un rôle-clé» lorsque le cycle minier est à la baisse «afin de préparer adéquatement les régions en vue de la reprise».

La relance du Plan Nord en bref

> 20 millions pour le lancement d'une étude relative à un nouveau lien ferroviaire qui améliorera l'accès à la Fosse du Labrador.

> Création d'un comité pour favoriser l'approvisionnement en gaz naturel de la Côte-Nord et du reste du territoire du Plan Nord.

> 1 milliard pour la création de Capital Mines Hydrocarbures, dont 500 millions pour que le gouvernement prenne des participations dans des projets situés sur le territoire du Plan Nord.

> Prolongement de la route 138 et réfection de la route de la Baie-James et de la route 389.

> 100 millions pour la formation des populations autochtones.

> 3,2 millions pour soutenir la mise en oeuvre de la Stratégie touristique québécoise au nord du 49e parallèle.

> 3 millions pour contribuer à la création de l'Institut nordique du Québec, un institut de recherche en développement nordique.

Source: Budget 2014-2015, gouvernement du Québec