Depuis la présentation de la vision stratégique du développement minier par le gouvernement du Québec, l'an dernier, le contexte s'est nettement amélioré pour les mines québécoises, grâce à la remontée des prix des minerais. L'industrie semble retrouver de l'attrait auprès des investisseurs. Mais le secteur minier réclame encore des efforts concrets pour profiter à plein de cette embellie.

SUR UNE BONNE TRAJECTOIRE

L'Institut Fraser a encore revu à la hausse la place du Québec parmi les territoires miniers les plus attractifs. La province, qui avait dégringolé en 18e position en 2012, s'attire les faveurs des sociétés minières sondées par l'organisme de réflexion. En un an, le Québec est ainsi passé de la huitième à la sixième place. L'accès aux permis d'exploration figure parmi les bons points attribués, tandis que les délais d'obtention des autorisations d'exploitation se révèlent encore longs. « Nous sommes sortis d'une grande période d'incertitude qui avait fait fuir les investisseurs », assure Josée Méthot, PDG de l'Association minière du Québec (AMQ).

UN CONTEXTE DE PRIX FAVORABLES

Les années qui ont suivi la crise financière de 2008 ont été marquées par la faiblesse des prix des minerais. Mais l'or et le fer connaissent une embellie depuis un an. L'impact sur l'activité minière se fait sentir au Québec. « On voit une accélération de l'exploration pour des gisements d'or, observe Josée Méthot. Et on sent un engouement pour reprendre l'exploitation de gisements de fer. » Si elle se maintient, cette reprise pourrait profiter à la province. « Le Québec doit être prêt pour que les projets miniers en développement profitent de cette fenêtre d'opportunité », soutient Mme Méthot.

DES DÉLAIS ENCORE CRITIQUÉS

« Nous ne voulons pas moins de réglementation, mais dites-nous ce que nous devons faire, et on va s'organiser pour le faire », lance Alain Poirier, directeur de projet à l'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ), en pointant les lourdeurs administratives nécessaires aux permis d'exploration. M. Poirier évoque la nécessité que les différents ministères parviennent à harmoniser leurs encadrements réglementaires. « Des doublons entre les processus du fédéral et du provincial pourraient aussi être évités », souligne Nochane Rousseau, associé, leader du secteur minier pour le Québec chez PwC Canada, en rappelant que la longueur des délais peut influer sur la décision d'exploiter.

DES EFFORTS POUR LE GNL

Le Plan Nord avait prévu le développement d'infrastructures au nord du 49e parallèle. L'idée était de créer les meilleures conditions pour les sociétés minières, explique Nochane Rousseau. C'est ainsi que la distribution d'hydroélectricité avait été soutenue. Mais « certaines mines sont trop éloignées du réseau d'Hydro-Québec, constate M. Rousseau. Elles pourraient bénéficier d'aides à l'utilisation du gaz naturel liquéfié, comme d'autres ont obtenu une aide gouvernementale pour installer des éoliennes. » La Vision stratégique du gouvernement du Québec laisse entrevoir un tel soutien. « La conversion des équipements fonctionnant au diesel réduirait l'empreinte environnementale tout en apportant une contribution sur le plan économique », assure Josée Méthot.

DU SOUTIEN AUX CENTRES DE RECHERCHE

Le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation (MESI) versera 6 millions de dollars d'ici 2022 au consortium de recherche COREM, spécialisé dans le traitement et la transformation des minerais. Évoqué dans la Vision stratégique du développement minier l'an passé, ce soutien a été rendu officiel à la mi-avril. Le COREM étudie notamment le développement de la métallurgie sur les terres rares et le lithium. « Cela facilitera le positionnement du Québec sur ces marchés », affirme Mme Méthot. « Les besoins sont en pleine croissance pour ces minerais utilisés dans le stockage d'électricité et les véhicules électriques », explique Nochane Rousseau.

photo fournie par l’Association minière du Québec

Josée Méthot est PDG de l'Association minière du Québec

Photo David Boily, Archives La Presse

Le gaz naturel liquéfié pourrait prendre la place du diesel comme source d'énergie dans les mines éloignées, indique Nochane Rousseau, associé, leader du secteur minier pour le Québec chez PwC Canada.