Le gouvernement fédéral s'apprête à injecter 11,9 milliards de dollars dans le cadre de la première phase de son nouveau plan en matière d'infrastructures. Voici comment cette manne pourrait bénéficier à la réalisation d'infrastructures québécoises et à l'économie provinciale dans son ensemble.

Le métro de Montréal

Le plus récent budget fédéral octroie 3,4 milliards de dollars aux investissements en transport en commun dans l'ensemble du pays. Au Québec, « les projets pourraient comprendre des mises à niveau des voies de métro, des ponts, de la signalisation et des aiguillages du métro de Montréal », précise le document du budget fédéral déposé le 22 mars dernier. Dans la province, le principal chantier en transport en commun demeure le remplacement des voitures MR-63 du métro de Montréal, pour lequel le gouvernement du Québec doit encore miser 1,2 milliard, après avoir déjà versé 169 millions, selon le Plan québécois des infrastructures (PQI).

Les infrastructures sociales

L'infrastructure sociale bénéficiera de 3,4 milliards de financements supplémentaires du gouvernement fédéral. Dans ce secteur, le principal poste d'investissement sera le logement abordable (1,5 milliard). De son côté, le Québec a prévu d'investir 2 milliards d'ici 10 ans dans les logements sociaux et communautaires, dont plus de la moitié sera consacrée au maintien d'actifs. Le financement fédéral pourrait appuyer cet effort, puisque 574 millions seront consacrés à soutenir des projets de rénovation énergétique dans les logements sociaux existants au pays. Le budget fédéral précise que l'investissement destiné au logement abordable inclura notamment la lutte contre l'itinérance et un meilleur accès aux refuges pour les victimes de violence.

Les infrastructures vertes

Cinq milliards de dollars sont prévus pour financer des projets dotant le Canada d'infrastructures vertes. Sur cette somme, 2 milliards doivent être versés au Fonds pour l'eau potable et le traitement des eaux usées. Des municipalités québécoises pourraient ainsi profiter de montants d'argent comme cela a déjà été le cas à Sherbrooke. Au début de l'année, la ville de l'Estrie a inauguré une nouvelle station de traitement de l'eau, qui avait bénéficié d'un financement de 17,1 millions du gouvernement fédéral. Versé au titre du Fonds de la taxe sur l'essence, cet investissement avait contribué à mettre à niveau quatre systèmes de traitement et de distribution d'eau potable.

Accélérer la construction de routes

En plus des 11,9 milliards investis dans les infrastructures sociales, vertes et de transport en commun, le gouvernement fédéral mentionne dans son budget qu'il « accélérera les dépenses au titre des fonds de 9 milliards de dollars disponibles dans le cadre du volet Infrastructures provinciales-territoriales du Nouveau Fonds Chantiers Canada [lancé dans le budget fédéral 2013] et d'autres programmes d'infrastructure existants ». Cette accélération devrait réjouir le gouvernement du Québec, pour qui les infrastructures routières représentent la charge la plus importante de son programme d'investissements. Québec a prévu de débourser 17,3 milliards d'ici 2026 pour maintenir et développer son réseau routier, sur un total de 88,7 milliards qui seront investis en infrastructures.

Impacts à court et à long terme

Le Fonds monétaire international invite lui-même les États à investir dans leurs infrastructures, afin de relancer leur économie, en profitant des faibles taux d'intérêt. « À court terme, les dépenses effectuées stimuleront l'économie, peu importe les projets choisis », affirme Marcelin Joanis, professeur au département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique Montréal et spécialiste des infrastructures publiques. Mais pour que les investissements aient des effets à long terme sur la croissance économique, il faudra sélectionner les projets les plus porteurs. » L'expert met en garde contre la tentation de céder au saupoudrage qui viserait à ne pas créer de mécontents.

S'appuyer sur les provinces

Le choix des projets devrait s'appuyer sur le travail déjà réalisé par les provinces, croit Marcelin Joanis. « Le gouvernement fédéral ne doit pas refaire le travail à partir de zéro », souligne-t-il. C'est d'ailleurs le message lancé par le gouvernement du Québec, qui propose un mode d'emploi des fonds fédéraux dans son plus récent budget. « Pour stimuler la croissance économique, comme le souhaitent tous les gouvernements, il est nécessaire que les mises en chantier démarrent dès la prochaine saison de construction », indique le document budgétaire. Pour cela, le gouvernement fédéral est invité à verser ses fonds en conformité avec les priorités établies par Québec dans son Plan québécois d'infrastructures (PQI).