Pour l'industrie pharmaceutique, le principal enjeu est l'accès aux médicaments pour tous les patients.

Une fois qu'un médicament est approuvé par le gouvernement fédéral, il revient aux provinces de décider si elles vont l'inscrire sur la liste de ceux qu'ils rembourseront aux patients par l'entremise de l'assurance médicaments.

Cette décision est un élément déterminant dans le succès commercial d'un médicament.

Plusieurs brevets sur des médicaments de grande distribution, tel le Lipitor, de Pfizer (qui abaisse le taux de cholestérol), viendront à échéance sous peu. Les médicaments pourront alors être remplacés par une copie générique que toutes les compagnies pourront produire. L'impact sur les revenus des compagnies détentrices de ces brevets sera énorme.

«Le fer de lance de l'industrie pharmaceutique, c'est l'innovation», rappelle Paul Lévesque, président de Pfizer Canada. Et nous entrons dans un nouveau cycle où la recherche sera orientée vers le traitement du cancer et des maladies telles l'Alzheimer. Une recherche plus complexe et plus coûteuse.

Comment alors l'industrie pourra-t-elle financer la recherche, compte tenu de la chute anticipée des revenus? «Le défi est de s'assurer que le système public comprenne que la recherche doit être remboursée», dit M. Lévesque.

La tendance, restrictions budgétaires obligent, est que les gouvernements inscrivent de moins en moins de nouveaux médicaments sur leurs listes, dirigeant ainsi plutôt les utilisateurs vers les produits génériques existants. Pour le moment, seulement un médicament sur cinq obtiendrait une inscription sur les listes.

Pourtant les gouvernements, dont celui du Québec, se disent pro-innovation, notent les dirigeants de l'industrie. «Pour qu'il y ait cohérence, il faut que les produits soient acceptés quand l'innovation a nécessité un investissement important», dit le président de Pfizer Canada.

Les nouvelles molécules

Si l'accès aux médicaments est de plus en plus difficile, c'est en partie parce qu'on a tendance à sous-estimer les nouvelles molécules, explique Paul Lévesque.

Lorsqu'il existe déjà un médicament pour une maladie ou un état, par exemple le cholestérol, les nouveaux médicaments sont la plupart du temps refusés.

Pourtant, ajoute-t-il, un nouveau médicament peut ajouter à l'efficacité d'un médicament déjà existant. «Ce nouveau médicament ne vise pas à remplacer celui qui existe, mais doit plutôt être dirigé vers les patients à qui il peut être appliqué», explique M. Lévesque. En d'autres mots, l'innovation doit être dirigée vers les bons patients.

Des économies

En favorisant la recherche et l'accès aux médicaments, d'importantes économies peuvent être réalisées, explique Russell Williams, président des Compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx&D).

«Une étude commandée par Rx&D révèle que le Canada se classe 20e sur 25 pays de l'OCDE en matière de remboursement public des nouveaux médicaments», dit M. Williams, ex-député libéral dans la circonscription de Nelligan entre 1989 et 2004.

Les patients canadiens méritent mieux, selon lui. «Nous croyons sincèrement que la bonne utilisation des médicaments va faire économiser beaucoup d'argent en soins de santé, dit-il. C'est pourquoi il faut favoriser la recherche et un meilleur accès aux médicaments.»

Selon lui, les soins primaires, c'est-à-dire l'utilisation des médicaments, diminuent les coûts liés aux soins secondaires, soit l'hospitalisation.

M. Williams rappelle que des rapports récents du Conference Board du Canada, du Conseil des académies canadiennes et du Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation démontrent qu'il est impératif d'améliorer de toute urgence le rendement du Canada en matière d'innovation.

«Être un acteur important de la recherche en sciences de la santé signifie davantage d'emploi et d'investissement, une économie florissante et une population en meilleure santé», dit-il.