Pendant qu'on entame la construction de la tour Deloitte au centre-ville, de nouveaux projets d'espaces à bureaux voient le jour en périphérie de l'île. Assisterait-on à une délocalisation des nouveaux développements d'espaces commerciaux vers l'extérieur du centre-ville de Montréal?

Poser la question est une chose et trouver une réponse qui fait l'unanimité en est une autre. Selon Mathieu Duguay, vice-président exécutif de Société de gestion Cogir, la tendance du marché vers la construction d'espaces à bureaux en périphérie du centre-ville ne fait aucun doute.

«Il y a certainement un mouvement de fond, dit-il. Depuis deux ou trois ans, on voit une très forte augmentation des nouveaux projets, particulièrement à Brossard, Longueuil et Laval. C'est du jamais vu depuis les dix dernières années.»

À Longueuil, on prépare la construction prochaine de la Tour SSQ, un édifice qui comptera de 12 à 14 étages pour une superficie totale d'environ 240 000 pi2. Plus loin, tout au long de l'autoroute 30, des immeubles de bureaux sont également dans les plans. Même chose à Laval, qui assemble progressivement les pièces de son centre-ville.

Autre son de cloche, toutefois, de la part de Karim Ouellet, directeur de Gestion immobilière Montréal. Selon lui, le développement des espaces commerciaux auquel on assiste dans la région de Montréal ne fait que suivre la théorie des cercles concentriques et de l'étalement urbain. «C'est vrai pour n'importe quel autre secteur», explique-t-il.

Faut-il s'attendre pour autant à une désaffection du centre-ville pour sa périphérie? Le spécialiste en gestion immobilière est loin d'envisager un tel scénario. Selon lui, les cabinets d'avocats et firmes de comptables voudront toujours avoir pied à terre au centre-ville. «Ça parle beaucoup, dit-il. Lorsque votre bureau est au coin de McGill et de Notre-Dame, ce n'est pas comme s'il était sur le boulevard Taschereau!»

Taux d'inoccupation élevés

La construction d'espaces à bureaux en périphérie de Montréal ne vient pourtant pas répondre à une demande du marché, s'il faut en croire les taux de disponibilité de ces espaces dans la région.

En effet, selon les données colligées par le Groupe Altus, le taux de disponibilité des espaces à bureaux était dernièrement de 8,1% pour le centre-ville de Montréal. En périphérie, il s'élevait à 11,5% pour la région de Laval, à 12,6% pour la Rive-Sud et grimpait respectivement à 14,6% et à 15,5% pour l'ouest de l'île et le secteur est.

Alors, pourquoi construire si la demande n'est pas là? La réponse tient au fait que cette variable n'est pas la seule qui soit prise en compte dans le secteur. Selon Sylvain Leclair, vice-président directeur Québec chez Groupe Altus, plusieurs sociétés cherchent, entre autres, à louer de grandes surfaces pour y installer l'ensemble de leur personnel.

«Lorsqu'on va dans le mid-town, les immeubles sont plus petits, de 50 000 à 100 000 pi2, et les espaces contigus sont rares, dit-il. Si un locataire veut de 75 000 à 100 000 pi2 contigus, c'est plus difficile à obtenir.»

Ainsi, selon lui, la construction d'espaces à bureaux en périphérie devient une occasion pour bon nombre d'entreprises de regrouper leurs activités sous un même toit.