Au final, la crise financière et économique des deux dernières années va-t-elle favoriser l'expansion de la gestion privée?

Pour tous les fournisseurs de services de gestion privée, cela va sans dire. Les deux dernières années ont démontré que le besoin de suivi et de conseils est plus présent que jamais.

C'est aussi l'opinion de la firme de consultant Investors Economics, qui effectue des études de marché pour l'industrie des services financiers. L'intérêt et les avantages sont en croissance, selon les chercheurs de la firme.

D'abord, le service conseil est davantage privilégié depuis la crise financière de 2008 parce que les investisseurs ressentent beaucoup plus le besoin d'obtenir un contrôle accru du risque lié à la répartition de l'actif.

Plusieurs ont été surpris des pertes et veulent se prémunir contre l'éventualité d'une répétition de ces événements.

Mais aussi, les grands détenteurs de patrimoine vieillissent (43 % d'entre eux auront 65 ans et plus en 2018), ce qui accentue leur désir de bien se préparer afin de transférer harmonieusement ce patrimoine.

Les gens fortunés sont également de plus en plus enclins à vouloir simplifier leurs affaires et réaliser leurs volontés, selon le consultant.

Pour ce faire, ils doivent prendre conseil auprès de spécialistes en gestion de portefeuilles, en stratégies de planification financière, fiscale et successorale, en services fiduciaires aux particuliers et en assurance de personnes.

Enfin, la gestion privée semble de plus en plus rassurante. En effet, la gestion privée est proposée pour la plus grande part par des institutions bancaires ou d'assurances, ce qui semble le gage d'une gestion de patrimoine de confiance, étant donné que la garde de valeurs est assurée par une institution solide et réputée.

Une certaine réticence

Mais il n'en reste pas moins que pour plusieurs, le passage à la gestion privée peut être une décision difficile à prendre. En effet, bien qu'a priori il soit clair que les gens ont besoin d'être bien conseillés, il n'est pas facile pour les investisseurs de modifier leur comportement et de changer leur approche après une période de grande volatilité des marchés, explique Richard Guay, vice-président principal chez Montrusco Bolton.

Le fait que la plupart des personnes viennent de voir leur portefeuille se déprécier substantiellement ajoute à la difficulté de changer de gestionnaire.

C'est qu'un nouveau gestionnaire leur suggérera probablement d'apporter des changements significatifs à leur portefeuille, afin que celui-ci soit mieux adapté à leur tolérance au risque.

Mais ce n'est jamais facile sur le plan psychologique de vendre des actifs à perte. Ceci peut facilement devenir un irritant pour ceux qui désireraient passer à la gestion privée.

Par ailleurs, les investisseurs ont maintenant une meilleure compréhension des nombreux produits structurés qui leur ont été offerts au cours des dernières années et dont les rendements ont souvent été médiocres, poursuit Richard Guay.

On a qu'à penser aux PCAA et à toute la gamme des billets garantis. «Les investisseurs réalisent que ces structures complexes sont risquées et comportent des frais très élevés», dit-il.

Avec le temps, ajoute-t-il, cela va inciter de plus en plus d'investisseurs à opter pour la gestion privée.