Un avion pourrait réaliser un tour du monde sans utiliser une seule goutte de carburant en 2014. Ce projet d'initiative suisse, baptisé Solar Impulse, fédère les efforts de recherche d'entreprises de tous horizons.

Solar Impulse est dirigé par le Suisse Bertrand Piccard, le premier homme à avoir accompli un tour du monde en ballon sans escale en 1999. Ce projet de démonstration a déjà des retombées dans l'industrie aérospatiale, explique Claude Michel, vice-président direction de Solvay, une multinationale belge spécialisée en chimie et partenaire du projet d'avion solaire.

M. Michel présentera l'avion solaire au Forum Innovation d'Aéro Montréal, «mais je ne viens pas pour trouver des partenaires», précise-t-il. Le directeur du partenariat Solvay-Solar Impulse veut «montrer l'intérêt des matériaux nouveaux dans un domaine industriel solide, mais peut-être un peu fermé, et qui cherche d'autres modes de propulsion que les énergies fossiles».

Claude Michel a répondu aux questions de La Presse sur ce projet d'avion solaire.

Q Que fait une entreprise de chimie dans un projet d'avion solaire?

R Pour faire un nouvel avion, il faut innover en trouvant de nouveaux matériaux, et de nouvelles combinaisons de matériaux. Nous fabriquons des pièces plus légères, ce qui est fondamental pour un avion propulsé à l'énergie solaire. Tous les métaux ont été remplacés par des pièces similaires à performances égales, en plastique, deux à trois fois moins lourdes.

Q Quel est l'objectif de ce projet d'avion solaire?

R Le projet Solar Impulse vise à réaliser un avion capable de fonctionner avec la seule énergie solaire. L'objectif ultime est de faire un tour du monde en cinq étapes au-dessus de l'hémisphère Nord en 2014. Nous ferons une étape sur chaque continent. Nous voulons démontrer que c'est possible, et cela ouvrira la voie à des applications dans différentes industries.

Q Volera-t-il seulement en journée?

R Non, l'avion devra voler jour et nuit. Son système photovoltaïque doit accumuler et stocker suffisamment d'énergie pour l'utiliser durant la nuit. Nous devons mettre au point des batteries au lithium plus performantes. En 2010, nous avons réussi à enchaîner un vol de 26 heures, donc jour et nuit, sans utiliser une goutte de kérosène.

Q Quel est le défi technologique le plus important?

R L'avion doit être extrêmement léger pour minimiser la consommation d'énergie. Le poids est l'ennemi numéro un: le poids en mètre carré par kilo est cinq fois plus faible qu'un planeur! Nos chimistes travaillent sur des matériaux qui ne sont traditionnellement pas utilisés en aéronautique.

Q Y aura-t-il un jour un avion solaire sur le marché?

R On n'en est pas du tout là. Nous voulons montrer que nous pouvons le faire afin de bénéficier de retombées dans plusieurs industries. Dans le secteur automobile, il y a une vraie demande pour trouver des solutions à la problématique de la batterie.

Q Solar Impulse aura-t-il des applications dans l'aérospatiale?

R Les sous-traitants sont très demandeurs. Certains matériaux sont déjà utilisés dans l'aviation commerciale. On en trouve dans les éléments de garnissage des planchers, dans les parois des compartiments et des casiers à bagages, dans les tissus d'isolation... On pousse l'optimisation du poids à son maximum. Le projet Solar Impulse est un laboratoire pour la diminution du poids.