Plusieurs entreprises ont mis en place des programmes pour briser le plafond de verre qui ralentit la progression des femmes vers les échelons supérieurs. Depuis trois ans, l'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) reconnaît leurs efforts en remettant le prix Initiative pour l'avancement des femmes en finance.

EY a remporté le prix en 2017. Son programme du nom de CLEF (coaching, leadership, expérience, féminin) a été créé il y a quatre ans.

« Depuis une douzaine d'années, nous observons que nous n'arrivons pas à maintenir la parité lorsque vient le temps des promotions. Souvent, ce sont les femmes elles-mêmes qui se retirent de la joute », constate Lynn Lapierre, codirectrice de l'équipe Talents pour EY.

Puisqu'elle considère que la firme se prive d'un bassin de talents importants et que la diversité améliore la performance des équipes de travail, EY a mis en place des mesures d'encouragement.

Loin d'être une course à l'avancement de carrière, CLEF cible les candidates qui font preuve de motivation et de détermination. Elles doivent avoir le désir d'avancer et l'objectif de propulser leur carrière.

« Les employées de toutes les sphères de l'organisation peuvent manifester leur ambition. En moyenne, une trentaine de femmes s'inscrivent. De ce nombre, nous en retenons une douzaine parmi celles dont la réflexion a déjà été enclenchée et qui sont en mesure d'y mettre du temps », affirme Julie Fournier, directrice adjointe de l'équipe Marque, communications et marketing pour EY.

« ON DÉMYSTIFIE LES STRUCTURES »

Au cours des six mois que dure le programme, les femmes s'engagent à participer à des rencontres régulières, des ateliers de coaching et des activités extérieures dans le but d'enrichir leur réseau.

« On démystifie les structures. Par exemple, on peut inviter une participante à un comité de direction. Aussi, elles doivent sortir de leur zone de confort, essayer de nouvelles activités. On les expose, leur fait rencontrer des gens. Ainsi, elles renforcent leur confiance, développent un réseau, prennent les devants, elles ne sont plus dans un rôle passif et, surtout, elles apprennent à être moins perfectionnistes », explique Maria Duarte, leader du Réseau des femmes professionnelles d'EY.

Même s'ils sont difficiles à quantifier, les impacts positifs de ce programme sont réels. « Nous n'avons pas la prétention de dire que CLEF est la seule solution pour briser le plafond de verre. Il s'inscrit dans un cadre beaucoup plus large. Ce que l'on sait, c'est qu'il est un élément déclencheur pour oser », ajoute Maria Duarte.

Ainsi, grâce à CLEF, une adjointe administrative est devenue fiscaliste, une autre a postulé et obtenu un poste à Londres. Plus frappant encore, une employée est allée serrer la main à un confrère masculin qui l'avait délibérément ignorée lors d'une réunion. « Elle était la seule femme dans une rencontre à New York. Elle a pensé aux participantes du programme et elle s'est levée pour aller le saluer. Cette petite victoire a fait une grosse différence. Cela lui a assuré une certaine forme de reconnaissance aux yeux de ses pairs. »

DAVANTAGE DE FLEXIBILITÉ À LA FINANCIÈRE BANQUE NATIONALE

Cette année, c'est au tour de la Financière Banque Nationale (FBN) de voir ses efforts récompensés. Son programme « Faire la différence : une approche centrée sur les femmes » a été mis sur pied il y a deux ans. Divisé en trois parties, il comprend un volet mentorat destiné aux étudiantes. La deuxième portion s'adresse aux conseillères. L'objectif est de leur permettre d'avoir une plus grande flexibilité dans le cadre de leur travail.

« Parmi les nouveautés, on trouve une forme de soutien personnalisé qui vise à assouplir les règles d'affaires pendant la période de congé parental comme la possibilité de prendre une entente quant à la prise en charge temporaire de la clientèle », soutient Angela D'Angelo, vice-présidente, Développement et Expérience client à la FBN, Gestion de patrimoine. 

Finalement, l'institution a mis sur pied des formations en ligne dans le but d'améliorer la capacité de son personnel à servir sa clientèle investisseuse. « Pas moins de 73 % des femmes sont insatisfaites des services qu'elles reçoivent de l'industrie des conseils, cela nous a beaucoup interpellés. Plusieurs de nos équipes nous ont fait part de leur désir d'avoir plus d'outils pour améliorer leur approche. Nos clientes veulent des choix et ne désirent pas être traitées différemment des hommes. »

PHOTO FOURNIE PAR EY

Les trois cocréatrices du programme CLEF d'EY : Maria Duarte, Lynn Lapierre et Julie Fournier.

Photo fournie par la Financière Banque Nationale

Angela D'Angelo, de la Financière Banque Nationale.