Les femmes prennent de plus en plus leur place dans les hautes sphères des organisations, même si les avancées ne sont pas assez rapides aux yeux de plusieurs. Finalistes du prix Leadership lors du gala de l'AFFQ, ces trois femmes ont dû faire preuve d'une grande détermination, oser, puis elles sont devenues des leaders. Le leadership féminin est-il différent de celui des hommes ? Les avis divergent.

Josée Dixon

Créer un espace propice au succès

À 22 ans, Josée Dixon convoitait un poste en assurances. Le patron voulait l'embaucher, mais le grand patron refusait d'investir dans une jeune femme qui se marierait, ferait des enfants et quitterait son poste. Avec ses maigres ressources, elle s'est rendue à Toronto faire le pied de grue devant le bureau de ce grand patron jusqu'à ce qu'il accepte de l'écouter. Après la rencontre, il a dit à son subalterne montréalais de l'embaucher s'il le voulait, mais que si cela ne fonctionnait pas, sa tête roulerait. Une histoire des années 60? Non, de 1989.

Le patron montréalais a osé.

«Pour réussir, il faut être déterminée, audacieuse, afficher ses ambitions et savoir bien s'entourer», affirme Josée Dixon, première vice-présidente, assurance pour les groupes et les entreprises, Desjardins Assurances.

Elle a été prise sous l'aile d'hommes, et de femmes, depuis le début de sa carrière et à ses yeux, un bon leadership n'est pas une question de sexe.

«Il faut savoir communiquer et cela passe beaucoup par l'écoute, dit-elle. Il faut être inspiré, être en mesure de réaliser des changements rapidement et être capable de créer un espace propice au succès.»

Chez Desjardins depuis un an et demi, elle est passée rapidement d'un poste où elle avait la responsabilité de 160 personnes à un où elle dirige plus de 1300 employés. Desjardins Assurances est en pleine expansion canadienne actuellement.

«Notre défi est d'agir sur des champs très précis, ne pas nous éparpiller et maintenir notre rentabilité à travers cette croissance.»

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Josée Dixon est première vice-présidente, assurance pour les groupes et les entreprises, chez Desjardins Assurances.

Diane Jacob

Un objectif, deux ingrédients

Une nouvelle succursale ouvrira en mai à Mirabel et Diane Jacob, vice-présidente régionale, Laval Laurentides, RBC Banque Royale, a l'ambition d'avoir encore une plus grande présence dans la région.

Pour déployer son leadership, elle se donne le défi d'inspirer ses employés afin de les amener à développer leur plein potentiel. À ses yeux, ce n'est pas si différent qu'on soit un homme ou une femme. Elle croit en fait que deux ingrédients sont essentiels pour y arriver : bien expliquer aux employés la vision de l'organisation et reconnaître leurs bons coups.

«Ils doivent comprendre pourquoi on fait des changements dans une organisation si on veut qu'ils y participent avec enthousiasme, explique-t-elle. Il faut aussi y aller une bouchée à la fois, en équipe; c'est plus facile.»

Diane Jacob, chez RBC depuis presque 30 ans, passe énormément de temps à envoyer des petits mots de félicitations à ses employés pour leurs réalisations.

«On travaille fort, alors si on n'est jamais reconnu, ça devient lourd.»

Son inspiration, elle l'a prise chez des patrons « extraordinaires », mais d'abord, chez sa mère, une chauffeuse d'autobus.

«Elle avait des qualités humaines exceptionnelles et elle s'occupait des employés empêtrés dans les problèmes, explique Diane Jacob. Mon inspiration vient aussi de mes enfants, Marc-Antoine et Alex-Anne, deux athlètes de haut niveau en ski acrobatique qui visent les Jeux olympiques de Pyeongchang en Corée du Sud en 2018. Ils sont des modèles de persévérance pour moi.»

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Diane Jacob

Nathalie Pilon

Êtes-vous prête ? Bien sûr!

Nathalie Pilon était vice-présidente finances chez Thomas & Betts Canada lorsque son patron lui a demandé si elle était prête pour la présidence. «Bien sûr», a-t-elle répondu du tac au tac.

«Il ne faut pas douter, dit-elle. Il faut foncer, même si on a tous des vulnérabilités. Il faut trouver les bonnes personnes pour nous aider à prendre plus de place.»

Même si elle faisait partie du plan de succession, plusieurs doutaient que les grands patrons de ce manufacturier de produits électriques basés à Memphis allaient faire confiance à une femme.

«Pendant mes 12 années comme VP finances, en plus de faire trois enfants, je me suis mis le nez un peu partout, j'avais une grande curiosité et je crois que montrer de l'intérêt à l'extérieur de son champ de compétences nous amène à autre chose.»

Puis, elle est convaincue qu'il est toujours gagnant d'avoir des femmes autour de la table lorsque vient le temps de prendre des décisions.

«Le leadership féminin est différent : on ne regarde pas les problèmes et les solutions avec les mêmes références, dit-elle. J'ai vu au début de ma carrière chez KPMG qu'une femme amène de la retenue dans la façon dont les hommes approchent les problèmes : ils mettent moins leur poing sur la table. C'est plus sain!»

En 2012, Thomas & Betts Canada a été achetée par ABB.

«Nous avons pris depuis la responsabilité d'une division canadienne d'ABB», précise Mme Pilon.

Aujourd'hui, elle profite du réseau canadien d'ABB pour partager son histoire avec de jeunes talents féminins afin de les motiver à gravir les échelons.

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Nathalie Pilon