Les sociétés minières d'exploration, qu'on appelle «les juniors», souhaitent vivement le retour du Québec sur l'échiquier international comme place de choix des investisseurs.

En moins d'une décennie, le Québec a glissé du premier au 21e rang des meilleurs endroits pour explorer, selon le classement de l'Institut Fraser.

Selon Valérie Filion, directrice générale de l'Association de l'exploration minière du Québec, l'annonce de la relance du Plan Nord par le nouveau gouvernement du Québec est un signal positif pour les membres de son association. «C'est important pour nous, parce que 85% des travaux d'exploration hors des sites miniers au Québec sont faits par des PME d'exploration, dit-elle. Le message, c'est que ce sont les investisseurs privés qui vont être les grands acteurs dans le Plan Nord.»

Selon elle, d'autres mesures comme la réduction des lourdeurs administratives, l'accès au territoire propice à l'exploration et l'accessibilité aux aéroports d'Hydro-Québec dans le Nord sont nécessaires pour relancer l'exploration.

Baisses des dépenses

Quoi qu'il en soit, les juniors éprouvent beaucoup de difficulté à réunir des capitaux. La faiblesse de l'économie européenne et le ralentissement économique en Chine ont fait baisser les prix de l'or, du fer et du cuivre.

Tout cela a déprimé le cours des actions et rendu impossible tout financement pour nombre d'entre elles. Les entreprises ne peuvent faire de financement en dessous de 5 cents par action!

L'an dernier, les dépenses d'exploration et de mise en valeur au Québec se sont élevées à 327 millions, une baisse de 63% par rapport au sommet de 896 millions en 2011. Pour 2014, les intentions de dépenses d'exploration atteignaient 350 millions, d'après le sondage effectué par l'ISQ en début d'année.

Toutefois, Nochane Rousseau, comptable agréé, responsable des services aux entreprises minières et associé chez PricewaterhouseCoopers, croit plutôt que les dépenses d'exploration vont baisser cette année, peut-être même en dessous des 300 millions.

«Je ne pense pas que la situation soit pire ici qu'ailleurs. Le critère principal pour relancer les financements, c'est l'intérêt des investisseurs, dit-il. Et présentement, il y en a très peu.»

Cependant, les investissements des grandes entreprises bien nanties comme Agnico-Eagle et Goldcorp, bien que réduits, soutiendront un certain niveau de dépenses d'exploration provinciales. De plus, le Fonds de solidarité FTQ et les organismes gouvernementaux comme Soquem (budget de 11 millions en 2014), Sidex et Sodemex sont des sources de capitaux pour les juniors actives.

Des sociétés bien nanties comme Redevances aurifères Osisko (RAO) et Mines Virginia ont également des impacts sur le niveau d'investissement en exploration. D'autant plus que leurs stratégies sont orientées principalement au Québec.

RAO possède quelque 140 millions dans ses coffres et encaissera annuellement une généreuse redevance de la mine d'or Canadian Malartic. La société investit dans des propriétés minières en échange de redevances, mais aussi à l'achat d'actions de juniors si cela lui permet d'atteindre ses fins.

Pour sa part, Virginia, dont le fonds de roulement atteint 43 millions, obtiendra des revenus annuels de l'ordre de 10 à 15 millions grâce à sa redevance sur la mine Éléonore de Goldcorp.

Finalement, la meilleure façon d'obtenir des capitaux pour les juniors, c'est de découvrir des gisements. Pour cela, toutefois, il faut du capital de risque.