Le développement de technologies liées à l'internet des objets (IdO), au Canada, pourrait bien émerger des profondeurs de la terre. Car voilà, le secteur minier serait l'industrie la plus propice à la connexion d'objets et de machines.

«Dans toutes ses phases, de l'exploration à l'extraction, le secteur minier utilise un nombre considérable de machines. Des milliers d'objets pourraient donc être connectés entre eux sous peu afin de rendre les mines plus efficaces», indique Nauby Jacob, VP Produits, services et contenu chez Bell Mobilité.

Réduction des coûts

Selon une récente étude de PwC, les mines et l'énergie sont les secteurs d'activité les plus susceptibles d'intégrer à leur production des capteurs au cours des prochaines années.

La connexion de divers outils, machines et systèmes - gestion de l'énergie, de l'eau ou de ventilation - servira à réduire les coûts d'exploitation et à augmenter l'efficacité de la production, souligne Nauby Jacob.

À titre d'exemple, l'IdO permettrait de cartographier, en temps réel, les activités d'une mine: localisation des travailleurs et des véhicules, coordination des systèmes de ventilation et d'éclairage, rendement de la production. Autant d'informations qui nécessitent jusqu'à présent l'intervention humaine.

«Maintenant, c'est possible d'analyser en temps réel, de réagir en conséquence, voire d'automatiser certaines opérations entre elles», résume Frédéric Bastien, cofondateur et PDG de Mnubo, entreprise montréalaise qui conçoit des logiciels pour traiter les données issues de l'IdO.

L'augmentation de la production de quelques points de pourcentage seulement permet des économies notables, note-t-il.

Des entreprises comme Schneider Electric - une société française ayant un pied au Canada - mettent en place des portails qui suivent et gèrent à la fois plus d'une centaine de machines et de systèmes. Il est même possible pour les minières de faire converger les données de plusieurs mines pour suivre ce qui s'y déroule et adapter la production en conséquence.

«Nous observons son développement dans le secteur des mines, mais aussi en foresterie et en agriculture, particulièrement dans l'élevage. C'est peu connu, mais le Québec et le Canada se positionnent favorablement», note Frédéric Bastien.

Main-d'oeuvre

Qui plus est, l'IdO pourrait bien être une partie de la solution à la pénurie de main-d'oeuvre. Au Québec, près de 30% de la main-d'oeuvre de l'industrie minière devrait prendre sa retraite au cours des cinq prochaines années.

Déjà, Rio Tinto et BHP Billiton ont entamé un virage en ce sens. En Australie, ces sociétés utilisent des camions automatisés qui communiquent entre eux. Des minières envisagent également l'utilisation de drones pour cartographier en temps réel leurs activités. Autant d'opérations qui nécessitaient jusqu'alors une intervention humaine.

De par son écosystème industriel, «le Canada pourrait se retrouver à détenir le plus d'objets connectés par personne», indique Nauby Jacob. Rappelons que le pays se classe parmi les 5 premiers producteurs de 10 minéraux et métaux importants et qu'il est, après l'Australie, la deuxième destination de choix pour les dépenses d'exploration.

Les mines en chiffres

42 milliards

Valeur annuelle de l'industrie (exploration, production, transformation)

60

Nombre de minéraux et métaux exploités au Canada

5%

Contribution moyenne du secteur au PIB du Canada

58%

Proportion des sociétés minières cotées en Bourse à l'échelle mondiale inscrites à la Bourse de Toronto