Une souche sur le bord d'une rivière peut paraître bien banale aux yeux des passants, mais sous les doigts de William Grandmont, ce matériel négligé devient une véritable oeuvre d'art, une fois transformé en table de salon. Redonner vie aux matériaux oubliés, c'est la mission que s'est donné le jeune entrepreneur de 26 ans en fondant, il y a quatre ans, l'Atelier colibri.

Avant de créer son entreprise, William Grandmont a travaillé quelque temps à titre de charpentier-menuisier. Il a vite déchanté quand il s'est rendu compte que ce domaine ne laissait guère de place aux nouvelles idées. « Je ne me sentais pas valorisé. J'avais des idées pour améliorer la façon de faire les choses, mais mon opinion ne valait rien », se souvient le jeune homme.

Il s'est alors réorienté en génie mécanique au cégep. Encore là, la déception a été totale. « La nature est ce qui me tient à coeur et je voulais créer des choses qui allaient préserver l'environnement. Après une discussion avec mon enseignant, je me suis rendu compte qu'avec le principe de l'obsolescence programmé, qui fait en sorte que les objets ne durent plus, il serait difficile de réaliser mon ambition environnementale », se remémore le jeune entrepreneur.

Nouveau changement, il s'inscrit au cégep en environnement. Chemin faisant, il travaille dans une quincaillerie pour boucler les fins de mois. « Parallèlement à mon travail, je faisais des petits meubles avec des souches. En discutant avec mes connaissances et mes amis, j'ai réussi à vendre mes créations très rapidement. »

Pour le jeune homme, c'est la révélation. « Il y a une vieille légende amérindienne qui raconte qu'un petit colibri allait chercher goutte après goutte l'eau d'un ruisseau pour éteindre un feu de forêt. Il ne pouvait pas éteindre à lui seul le brasier, mais c'était mieux que de ne rien faire du tout. J'ai décidé d'être ce colibri. Agir, même si ce n'est qu'avec de petits gestes », affirme William Grandmont.

Le jeune créateur s'est donc mis à fabriquer des meubles haut de gamme en utilisant des matériaux oubliés.

« J'utilise des souches, mais aussi des surplus de conteneurs que personne n'est venu réclamer. Une fois, on m'a donné une grange et son contenu. Surprise, la bâtisse servait d'entrepôt pour de vieilles planches qui avaient été coupées il y a 100 ans. » - William Grandmont

S'il n'arrive pas obtenir gratuitement le matériel dont il a besoin, il s'approvisionne auprès d'une scierie locale. « C'est une entreprise qui ne fait pas de coupe sauvage, mais plutôt de l'aménagement forestier et cela correspond à mes valeurs. »

LA PATIENCE DE LA CRÉATION

Entrepreneur et artiste, William Grandmont parvient à bien vivre de ses créations, et les commandes sont régulières. Il a même conclu des ententes avec trois boutiques de la région de Drummondville qui vendent ses produits. « Je n'ai pas de salle d'exposition. Les boutiques sont une façon de voir ce que je fais. Sinon, mon site internet est assez complet. J'expose aussi lors des salons des artisans. »

Malgré ce succès, le jeune homme sait que le prix pour acquérir ses meubles n'est pas à la portée de toutes les bourses. « Fabriquer un meuble exige beaucoup de temps et le prix en est représentatif. Pour les tables conçues à partir d'une souche, il faut d'abord que je la trouve. Je l'apporte ensuite dans mon entrepôt. Je la traite pour éliminer toutes traces possibles d'insectes et de champignons et j'attends qu'elle sèche. Cela peut prendre entre un et cinq ans. Après quoi, le travail de fabrication dure en moyenne une semaine. »

La patience est encore plus de mise lorsqu'il s'agit de meubles sur mesure. « Je fais tout de A à Z. Je me déplace, regarde le décor du client et conçois les dessins. Après, le processus de création débute. Cela peut prendre parfois plus d'un mois avant que le tout soit terminé. »

En vue de faire progresser l'entreprise, William Grandmont compte lancer prochainement une collection rustique plus abordable. « Je souhaite aussi me trouver des représentants et je veux embaucher du personnel. Je veux grossir, mais sans devenir énorme. Mon but est d'avoir une équipe de cinq personnes. »

FORCES DE LA RÉGION

Originaire de Drummondville, le jeune entrepreneur n'a rien à redire sur les services offerts par la Société de développement économique de Drummondville (SDED). « J'ai obtenu une subvention pour aider au démarrage de mon entreprise. Plus que cela, on m'a mis en contact avec un mentor, Denis Leroux, qui me donne de précieux conseils. La SDED est vraiment présente pour aider les entrepreneurs en devenir. »

L'ATELIER COLIBRI EN BREF

Année de fondation : 2013

Fondateur : William Grandmont

Nombre d'employés : un seul

Situation géographique : Drummondville

Photo fournie par William Grandmont

Pour mettre en valeur la beauté de ses créations, William Grandmont peut compter sur sa conjointe, Sabrina Gagnon-Tessier qui s'occupe des photos et de la mise à jour du site internet de l'entreprise.

Photo fournie par William Grandmont

« Je fais tout de A à Z. Je me déplace, regarde le décor du client et conçois les dessins. Après, le processus de création débute. Cela peut prendre parfois plus d'un mois avant que le tout soit terminé »,  explique William Grandmont.