Relativement méconnue, la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent est une subdivision de la Montérégie. Si certains considèrent qu'elle souffre d'un manque de cohésion des MRC, d'autres vantent sa situation territoriale hautement stratégique. En affaires dans la région depuis 30 ans, Daniel Goyette et Linda Gallant partagent leurs points de vue.
Position stratégique
Daniel Goyette
Âge: 59 ans
Président de CAT Transports
Travaille dans la région: depuis plus de 30 ans
La Vallée-du-Haut-Saint-Laurent est un centre névralgique dans le domaine du transport, comme en fait foi le succès de CAT Transports, implanté à Coteau-du-Lac depuis 20 ans. «La majorité des marchandises qui transitent vers l'Ouest canadien ou les États-Unis passent par notre municipalité, souligne Daniel Goyette. Avec les autoroutes 20, 30, 40, et même la 15 vers les secteurs de l'est, la région est dans un secteur stratégique.»
Depuis des années, l'entrepreneur travaille avec les instances régionales pour développer les différents niveaux de transports. Il voit donc d'un bon oeil l'augmentation des activités du port de Valleyfield et la récente construction du terminal intermodal de la compagnie CSX., qui permet le transport de conteneurs sur rails depuis quelques mois, dans le parc industriel de Salaberry-de-Valleyfield. Sans oublier le projet du terminal ferroviaire du CP dans le secteur des Cèdres, qui est toujours dans les boîtes. «Tous ces projets amènent une dynamique très encourageante pour la région!»
Tourisme
Linda Gallant
Âge: 57 ans
Propriétaire de l'Auberge des Gallant
Dans la région depuis: sa naissance
La région ne connaît pas de basse saison touristique, selon Linda Gallant. «L'hiver, les gens préfèrent se déplacer moins loin en cas d'intempéries, ce qui favorise notre secteur, qui est près de Montréal, de Laval et de l'Ontario. La prolongation des saisons nous aide aussi beaucoup. Chez nous, le printemps arrive plus tôt et l'automne, plus tard. Même si on est en plein milieu du bois, la température n'empêchera personne de venir en semaine,»
Misant sur la clientèle locale, qui profite de la salle à manger à tout moment du jour, l'auberge compte aussi sur une clientèle internationale. «On est à 40 minutes de l'aéroport de Dorval et toujours à contresens du trafic, pour l'entrée ou la sortie. Étant donné que la région est située entre Toronto et Québec, c'est un bon endroit pour arrêter durant l'été. Au bout d'une année, notre taux d'occupation dépasse les 50%, contre une moyenne de 38 à 42% dans les autres régions.»
FORCES
Croissance démographique, situation territoriale enviable, terres agricoles riches, développement prometteur du secteur des technologies environnementales. Le positif ne manque pas dans la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. Pourtant, le président de l'Institut pour le progrès socio-économique, Michel Lefebvre, croit que la région pourrait rayonner davantage avec une meilleure concertation.
«Chacune des cinq MRC a l'oeil sur son territoire, plutôt que de faire des efforts pour s'entendre et établir une vision globale. La Conférence régionale des élus [CRE] a énormément travaillé dans ce sens depuis des années, mais sans réussir à rassembler tous les acteurs régionaux dans une même direction. Avec sa disparition au cours de la prochaine année, je ne sais pas ce qu'il va advenir de cette région...» Il garde tout de même espoir de voir la Vallée se déployer. «Si des leaders se concertent et s'investissent dans les débats actuels, il y a moyen de faire connaître la région comme il se doit.»
DÉFIS
La Vallée-du-Haut-Saint-Laurent paye encore pour les années d'attente, avant que l'autoroute 30 la relie au reste de la Montérégie. «Le développement régional a été largement retardé à cause de tous ces délais, juge Michel Lefebvre. Si la 30 avait été mise en place des années plus tôt, le secteur aurait profité d'une complémentarité très différente au niveau économique. La Vallée ne serait pas un coin de territoire mal connu. Politiquement, les décisions n'ont pas toujours été prises pour mettre en place certaines structures.»
M. Lefebvre craint que certaines erreurs se reproduisent aujourd'hui. «Dans le domaine de la logistique, la Vallée se fait déjouer par d'autres régions présentement. Comme Cornwall qui se développe beaucoup plus harmonieusement, qui est bien située et qui est soutenue par l'Ontario. La Vallée subit les dommages de décisions gouvernementales antérieures, et ça ne semble pas prêt de changer en cette période d'austérité.»
La Vallée-du Haut-Saint-Laurent en chiffres
Vallée-du-Haut-Saint-Laurent
Population active (Montérégie): 834 000
Taux de chômage (janvier 2015): 5,7%
Revenu disponible par habitant (2013): 28 115$
Québec
Population active (2014): 4 420 300 habitants
Taux de chômage (janvier 2015): 7,5%
Revenu disponible par habitant (2013): 26 774$
Source : Institut de la statistique du Québec
Les cinq plus grands employeurs
Genco Québec (700 employés)
CeZinc (Xstrata) (625 employés)
Normandin Transit (500 employés)
Les emballages Winpak Heat Seal (375 employés)
General Dynamics (350 employés)
Sources : CLD Vaudreuil-Soulanges, CLD Beauharnois-Salaberry
Nombre de parcs industriels dans la région: 19
Sources : CLD Vaudreuil-Soulanges, CLD Beauharnois-Salaberry, CLD du Haut-Saint-Laurent
Les trois plus grands secteurs d'activités
Logistique - transport
Métallurgie - produits chimiques
Agriculture - agroalimentaire
Source : Institut de la statistique du Québec (2012)
Importants sièges sociaux
Hélicoptères Canadiens (Les Cèdres)
CAT Transport (Coteau-du-Lac)
Source : CLD Vaudreuil-Soulanges
Les cinq plus grandes villes
Châteauguay - 47 781
Salaberry-de-Valleyfield - 40 964
Vaudreuil-Dorion - 36 860
Saint-Constant - 26 577
La Prairie - 24 336
Source : Ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire.