Réduire les coûts, améliorer l'image de l'entreprise, attirer et retenir les talents, rassurer les investisseurs: le développement durable est une excellente façon d'atteindre ces objectifs. Mais comment s'y prendre? La Presse vous présente cette série pour en savoir plus. Cette semaine: la nouvelle norme ISO 26 000 et la Global Reporting Initiative. Cinquième d'une série de six articles.

Le 1er novembre dernier, l'Organisation internationale de normalisation (ISO) a publié sa nouvelle norme: ISO 26 000 - Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale.

Il s'agit d'un tournant important, selon Corinne Gendron, titulaire de la chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l'UQAM.

Selon elle, la nouvelle norme ISO 26 000 est appelée à devenir extrêmement importante. Ce sera la référence internationale pour tous les aspects entourant la responsabilité sociale des organisations.

Alors que les codes, les normes et les certifications en matière de responsabilité sociale, de développement durable et d'environnement ont proliféré au cours des dernières années, la confusion était parfois au rendez-vous, souligne la professeure.

«La nouvelle norme établit désormais des lignes directrices pour différents domaines auxquels l'entreprise doit être attentive, dit-elle. Elle touche les questions centrales de responsabilité sociale telles que la gouvernance, les droits de l'homme, les relations et conditions de travail, l'environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs ainsi que les communautés et le développement local.»

Une «norme hors normes»

Selon Corinne Gendron, la norme ISO 26 000 est exceptionnelle dans le paysage des normes, car elle n'a pas été rédigée selon les méthodes habituelles, ce qui en fait, dit-elle, une «norme hors normes».

«Contrairement à d'autres normes ISO comme 9001 ou 14 000, ce n'est pas un comité technique qui a été chargé de sa rédaction, dit la professeure. On a plutôt mis en place un forum de dialogue élargi où des acteurs sociaux de différentes catégories se sont rassemblés pour chacun des pays pendant plusieurs années pour définir ce qu'est la responsabilité sociale. Il y avait notamment des représentants des ONG, des consommateurs, des industries, des experts et des syndicats.»

L'avantage d'avoir fait appel à une panoplie d'acteurs sociaux permettra à la norme de servir de base pour un dialogue. En se référant à la norme, toutes les parties participant à un débat parleront désormais un langage commun.

«Cette norme sera un agent de transformation des pratiques des entreprises parce qu'elle offre une définition exhaustive de la responsabilité sociale, dit-elle. Grâce à la norme, on a maintenant un texte de départ sur la base duquel on peut discuter pour faire progresser les pratiques des entreprises.»

Autre particularité majeure: ISO 26 000 n'est pas une norme certifiable.

«Elle ne dicte pas de procédures, d'exigences ou de caractéristiques pour un système de gestion, mais servira plutôt de référence pour les entreprises afin qu'elles sachent quoi inclure dans leur politique quand elles conçoivent une stratégie de responsabilité sociale.»

À ne pas confondre avec la GRI

Depuis plusieurs années, la référence des entreprises en matière de développement durable est la Global Reporting Initiative (GRI), laquelle propose des indicateurs afin de mesurer l'avancement des programmes de développement durable. La norme ISO 26 000 remplit des fonctions différentes.

«Quand une société veut rédiger un rapport de développement durable et être crédible sur ce qu'elle présente comme performance, elle utilise les indicateurs du GRI, dit Corinne Gendron. ISO 26 000 est plutôt utile au positionnement de l'entreprise en matière de responsabilité sociale, pour s'assurer que ses stratégies en respectent les grands principes et qu'elle contribue au développement durable.»

En matière de communications et de relations publiques, une entreprise pourra, lorsqu'elle présente sa politique, expliquer qu'elle a été inspirée par ISO 26 000 et démontrer qu'elle s'aligne donc sur le plus important texte de référence sur le sujet.