Opsens, un fabricant de capteurs à fibre optique de Québec, s'attend à faire une percée importante dans le secteur médical. L'entreprise, dont le produit-vedette OptoWire a retenu l'attention en Belgique et dans les Pays-Bas, vise un marché de 1 milliard de dollars dans un avenir rapproché.

ENTREPRISE: Opsens

MARCHÉ POTENTIEL POUR L'ENTREPRISE: 3 à 5 millions

POURCENTAGE DES REVENUS TIRÉS EN BELGIQUE: moins de 10 %

NOMBRE D'EMPLOYÉS DANS CE PAYS: 0 

QUOI DE NEUF

L'année 2016 annonce « une période charnière dans le développement d'Opsens », indique son président et chef de la direction, Louis Laflamme. En février, l'entreprise relocalisera ses activités médicales dans une nouvelle usine de 30 000 pieds carrés. Ce déménagement, qui facilitera l'accueil d'une cinquantaine de nouveaux employés d'ici un an, vise à accroître la capacité de production de ses produits qui permettent de mesurer la pression sanguine et d'améliorer les résultats cliniques chez les patients atteints de maladies coronariennes. Deux éminents cardiologues de la Belgique et des Pays-Bas viennent de faire une première utilisation de cette technologie conçue par Opsens.

L'ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR

En 2008, Louis Laflamme fait la rencontre d'Olivier Bertrand, un cardiologue d'origine belge qui pratique à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et enseigne à la faculté de médecine de l'Université Laval. Ce dernier lui suggère de s'intéresser au marché en croissance de la réserve de débit fractionnaire (ou FFR, pour fractional flow reserve). En clair, la technique FFR est utilisée par les cardiologues pour optimiser leur diagnostic et guider le traitement chez les patients présentant des maladies coronariennes.

Opsens amorce alors la recherche et le développement d'une technologie qui mènera à la création d'un capteur à fibre optique qui fournit des mesures de pression sanguine intracoronaire. Avec l'OptoWire, « il est plus facile et plus fiable d'évaluer la réserve de débit coronaire et de décider si les patients nécessitent une intervention ou non », affirme M. Laflamme, qui a rejoint l'entreprise en 2005 à titre de chef de la direction financière, avant d'en devenir le PDG au début de 2013.

L'an dernier, Opsens obtenait les approbations réglementaires à la commercialisation de son nouveau produit aux États-Unis, au Japon et en Europe. En juillet dernier, c'était au tour de Santé Canada d'en permettre la commercialisation au pays. Mais l'entreprise a surtout reçu, en début d'année, un important coup de pouce de la communauté de la cardiologie. Et en particulier de la part d'un cardiologue belge, Bernard De Bruyne, l'un des « pères fondateurs » de la FFR.

Pour la PME de Québec, l'approbation du produit par cet imminent cardiologue se veut un sceau de qualité et de garantie. Un autre pionnier de la FFR, le professeur Nico Pijls, du Catharina Hospital à Eindhoven aux Pays-Bas, en a aussi fait l'utilisation en mai dernier.

STRATÉGIE

Quand Opsens a commencé à s'intéresser à la FFR en 2008, ce segment de marché totalisait environ 50 millions $US à l'échelle internationale. L'an dernier, ce marché pointu affichait déjà un chiffre d'affaires de plus de 300 millions US et devrait atteindre 1 milliard $US à moyen terme. Opsens, qui emploie une soixantaine de personnes, estime être bien positionnée pour profiter de cette importante occasion de croissance.

« Notre technologie a été éprouvée et elle utilise une fibre optique dont les résultats sont plus fiables et performants que les capteurs électriques de nos concurrents », assure M. Laflamme en précisant que l'entreprise prévoit accaparer jusqu'à 45 % du marché mondial. Opsens compte seulement deux concurrentes spécialisées dans la conception de matériel médical, les géants américains St. Jude Medical et Volcano.

Si les produits d'Opsens ont acquis leur notoriété en Belgique, où le potentiel de ventes pour son produit est évalué de 3 à 5 millions, c'est toutefois le marché américain qui s'avère le plus important utilisateur de la procédure FFR. Opsens ne délaisse pas pour autant ses autres activités reliées aux secteurs industriel, du pétrole et du gaz. L'entreprise a aussi conçu des capteurs à fibre optique d'Opsens qui servent entre autres à mesurer la température et la pression à l'intérieur des puits de pétrole.

ANECDOTE

Le cardiologue belge Bernard De Bruyne exerce au centre cardiovasculaire de l'OLV Hospital, à Aalst, la deuxième plus grande ville de Flandre orientale. Louis Laflamme, qui ne parle évidemment pas flamand, s'attendait donc à communiquer en anglais avec ce réputé médecin lors des discussions entourant la complexe procédure FFR et l'utilisation des produits d'Opsens. Or, « j'étais très heureux de constater que nos conversations et nos rencontres se sont déroulées en français, ce qui a facilité les échanges ». 

EN CHIFFRES

934 millions

Valeur des exportations (420 millions) et importations (514 millions) entre le Québec et la Belgique en 2013, en baisse de 16,2 % par rapport à 2012. 

PRINCIPALES EXPORTATIONS DU QUÉBEC

• minerai de fer (17,5 %)

• médicaments (17,3 %)

• huiles de pétrole (8,7 %)

PRINCIPALES IMPORTATIONS AU QUÉBEC

• huiles de pétrole (18,2 %)

• chocolats et autres produits contenant du cacao (6,9 %)

• médicaments (5,5 %)

Sources : Statistique Canada et Institut de la statistique du Québec