Pour s'assurer de faire un usage optimal du CELI, il faut d'abord se rappeler que celui-ci n'est qu'un compte parmi plusieurs qui forment un tout, soit le portefeuille.

Les autres sont les REER et tous les comptes non enregistrés détenus chez les courtiers en valeurs mobilières et les institutions financières. «La question est de choisir le compte approprié pour chacun des placements», indique Gordon Gibson, vice-président, gestion de patrimoine, à la Financière Banque Nationale.

Chaque épargnant a son profil d'investisseur et il doit le respecter dans toutes ses décisions de placements, rappelle M. Gibson. «Il ne faut surtout pas oublier que la composition du portefeuille demeure tributaire de la répartition d'actifs établie en fonction du profil de l'investisseur», ajoute-t-il.

Une fois cela établi, la règle la plus fréquemment énoncée est de mettre dans le CELI les placements qui rapportent les revenus les plus imposés, parce que ceux-ci seront alors à l'abri de l'impôt. Par exemple, les revenus d'intérêt sont imposés au taux marginal de l'investisseur, alors que les dividendes de sociétés cotés en Bourse le sont à un taux moindre.

Alors, s'il faut faire un choix, vaut mieux détenir ses obligations dans le CELI, et ses actions dans les comptes non enregistrés - lorsque tout l'espace REER est déjà occupé, bien sûr.

Mais ce n'est pas toujours si simple, et il existe des exceptions, explique M. Gibson. L'année 2013 en a d'ailleurs été un bon exemple.

Pour l'investisseur qui gère de façon active et avec succès son portefeuille d'actions, ce sont les gains en capital qu'il génère qui doivent être placés à l'abri de l'impôt, et non pas les revenus d'intérêt. Ceux-ci, rappelons-le, ont été très faibles en 2013 compte tenu du niveau très bas des taux d'intérêt, alors que les actions s'appréciaient substantiellement.

Lorsque les taux d'intérêt auront remonté, la stratégie à privilégier pourrait bien être l'inverse.

Le dilemme de l'investisseur frileux

Si maximiser son CELI est le voeu de tous les investisseurs, il ne faut pas oublier que tout part d'une bonne planification financière, explique Hélène Boileau, planificatrice financière chez BMO Groupe financier.

Cette planification permettra d'établir votre plan de retraite, d'évaluer le rendement que vous devrez réaliser. Elle vous permettra également d'évaluer votre tolérance au risque, ce qui déterminera les placements qui conviennent à votre CELI.

En fonction de cette tolérance au risque, de nombreux épargnants se retrouvent aujourd'hui devant un sérieux dilemme, explique Mme Boileau. Pour ceux dont la tolérance au risque est suffisamment élevée, pas de problème, car le CELI pourra être composé d'actions et de fonds communs d'actions, pour lesquels ils pourront espérer un rendement intéressant.

Mais si, au contraire, cette tolérance au risque est basse, «que faire, compte tenu des taux d'intérêt aussi bas?», demande la planificatrice financière. Pour plusieurs, l'atteinte des objectifs de rendement qu'ils se sont fixés devient impossible.

Quand les taux sont bas, les épargnants sont prêts à entendre parler d'actifs plus risqués, constate Hélène Boileau. Les résultats des dernières années les incitent à le faire. Le CELI a débuté en 2009. C'était juste au sortir de la crise financière. Les actions des banques canadiennes, par exemple, ont plus que doublé depuis ce temps. «Même les épargnants les plus frileux ne peuvent rester indifférents à ce genre de résultats, et c'est là le danger», dit-elle.

À la suite de la crise financière, les épargnants sont devenus beaucoup plus prudents, souligne Mme Boileau. Mais aujourd'hui, ils semblent disposés à être plus audacieux dans leur choix de placements.

«Mais attention, seront-ils prêts à faire face à la prochaine tempête? ajoute-t-elle. Car il y aura une prochaine tempête.»

Son expérience lui démontre que les gens moins éduqués en matière d'investissements et de marchés financiers ont tendance à paniquer à la première occasion.