Il est clair qu'on fait plus d'argent à vendre des ailes d'avion qu'à usiner des boulons. Tout le monde veut aller au ciel, mais la route est longue.

Un qui le sait bien c'est Gilles Labbé, président d'Héroux-Devtek, président du conseil d'AéroMontréal, la grappe aéronautique du Grand Montréal métropolitain.

«Pour passer de fabricant sur devis à fournisseur de cockpits, d'empennages ou de fuselages, il faut du temps, de l'argent et un plan précis, rappelle-t-il. Et puis tout d'abord, il faut s'aligner sur un client important qui vous soutienne le temps que vous vivez cette transformation.»

Pour devenir un spécialiste, il faut développer une capacité de recherche et développement, trouver le personnel qualifié et lui fournir toutes les raisons d'être loyal.

«Il faut bâtir des équipes cohérentes et ça se fait sur le moyen terme, souligne M. Labbé. Les experts en R&D doivent se compléter plutôt que d'être redondants. Il faut qu'ils soient experts dans ce qui est essentiel aux clients, avionneurs ou fournisseurs de premier rang.»

Investissements majeurs

Surtout, l'intégrateur en herbe doit apprendre à gérer une constellation de fournisseurs nouveaux, essentiels à sa capacité d'assembler de grands ensembles plutôt que de tout petits bouts.

«Il faut investir beaucoup dans la chaîne d'approvisionnement, aller chercher les experts capables d'identifier, de qualifier et de suivre les fournisseurs, explique le président. Vont-ils tenir la cadence, vont-ils vous suivre dans vos propres innovations, maintenant que vous vous êtes donné un mandat R&D?»

Ajoutons un truisme: qui dit intégrateur dit hausse considérable de la capacité de production et investissements majeurs.

«Tout cela coûte très cher, confirme Gilles Labbé. Embaucher des experts et les garder, maintenir des rapports serrés avec des fournisseurs parfois très éloignés et agrandir la capacité de produire exige un afflux financier considérable. Mais pour ceux qui sont bien préparés, l'appui financier est là.»