L'industrie du transport maritime est un acteur de taille au sein de l'économie québécoise. Difficile d'ignorer la présence de ces navires, de plus en plus gros, qui transportent des biens de consommation, des produits de toutes sortes, du pétrole, aussi. Or, pour mieux naviguer sur les eaux grouillantes du fleuve Saint-Laurent, les entreprises qui en font partie réclament des interventions plus claires, plus nettes, de la part des divers ordres de gouvernement.

Nous avons demandé à trois de ses principaux acteurs de définir les cinq grandes priorités de l'industrie.

1. Convaincre les gouvernements d'investir dans les infrastructures

Pour se déployer davantage, les entreprises maritimes ont besoin d'une stratégie digne de ce nom, plaide la présidente de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), Nicole Trépanier.

Cette stratégie devrait permettre, notamment, de construire de nouveaux quais, d'améliorer les accès portuaires et de doter les zones portuaires d'équipements à la fine pointe de la technologie.

C'est un dossier qui concerne à la fois Québec et Ottawa. «Pour cela, indique la présidente de la SODES, il sera important que les investissements publics soient faits de façon concertée avec le privé.»

Les sommes requises pour donner du tirant (d'eau) à l'industrie du transport maritime, dans son ensemble, avoisinent les deux milliards.

Et il va de soi qu'il faudra «renforcer» la place qu'occupe le Port de Montréal, «une plaque tournante pour les conteneurs».

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Nicole Trépanier, présidente de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES)

2. Recruter de la main-d'oeuvre rapidement

D'ici à 2020, on calcule que 40% des travailleurs dans les ports seront admissibles à la retraite, observe Jean Bédard, président de l'Association des employeurs maritimes (AEM).

«On ne sait pas encore combien d'entre eux vont partir d'ici là, mais peu importe, c'est tout un défi qui nous attend, reconnaît-il. Et nous avons tout intérêt, employeurs comme syndicats, à nous pencher sur cet enjeu majeur. Il nous faudra aller au-devant des coups et tenter de trouver des solutions imaginatives pour nous assurer que nous pouvons offrir les services adéquats dans les ports.»

Jean Bédard est tout de même optimiste. Il croit qu'il y a des candidats sérieux qui souhaitent exercer le métier de débardeur.

«En une seule semaine, en août, dit-il, nous avons reçu 660 demandes d'emploi pour du travail occasionnel comme débardeur.»

PHOTO FOURNIE PAR L'ASSOCIATION DES EMPLOYEURS MARITIMES DU QUÉBEC

Jean Bédard président de l'Association des employeurs maritimes (AEM)

3. Former des capitaines

La question de trouver du personnel qualifié se pose à divers échelons, reconnaît, de son côté, le directeur général des Armateurs du Saint-Laurent, Martin Fournier. «Nous avons 2500 postes à pourvoir d'ici à 2018, dit-il. Ça vient vite!»

Il ne parle pas de débardeurs, mais plutôt de capitaines, d'officiers supérieurs et de chefs mécaniciens.

«Nous accentuons nos efforts pour trouver des employés compétents, qui vont faire le choix de travailler dans le secteur maritime, souligne-t-il. Nous en formons et nous devrons en former davantage pour pouvoir être en mesure de remplir notre mandat.»

PHOTO FOURNIE PAR LES ARMATEURS DU SAINT-LAURENT

Martin Fournier, directeur général des Armateurs du Saint-Laurent

4. Moderniser les flottes et faire du dragage

La modernisation des flottes de navires est amorcée au sein de quelques transporteurs maritimes, qui souhaitent ainsi améliorer le rendement de leurs navires. «C'est un mouvement qui s'intensifie», note Martin Fournier. Ces mêmes navires seront encore plus efficaces s'ils peuvent transporter des marchandises sur un fleuve un peu plus profond, font valoir les entreprises maritimes, qui insistent sur l'importance d'effectuer des travaux de dragage sur le Saint-Laurent pour permettre aux gros navires de naviguer plus lourds.

5. Changer les perceptions négatives

Avec la présence de plus en plus «visible» des gros navires qui transportent des hydrocarbures, l'industrie maritime est appelée à expliquer sa position et à répondre aux critiques des groupes environnementalistes et des citoyens, qui craignent des accidents écologiques provoqués par des déversements accidentels. D'où la campagne de promotion intitulée «Livré par navire - Merci mon fleuve», qui se veut une façon de démontrer l'importance du transport maritime dans le transport de marchandises.

«Ça me tanne parce qu'il y a souvent une seule version qui est présentée, riposte avec vigueur la présidente de la SODES. Je n'aime pas entendre que la navigation commerciale est mal structurée. Au contraire, nous sommes très encadrés. On ne joue pas au cowboy, et encore moins à la roulette russe, avec la sécurité des citoyens. Moi-même, j'habite près du fleuve.»

Réaction similaire de la part de Martin Fournier. «Nous évoluons dans un secteur qui est plus réglementé que l'aviation et la construction», dit le directeur général des Armateurs du Saint-Laurent.

«C'est légitime d'avoir des craintes, ajoute-t-il, mais sait-on que les navires ont une double coque et qu'il y a deux capitaines qui ont une solide connaissance du fleuve Saint-Laurent à bord des pétroliers?»

En chiffres

Heures travaillées

> Hausse de 11,5% (pour les débardeurs faisant partie du local 375-FTQ), par rapport à la même période, l'an dernier.

> Hausse de 21,7% (pour les vérificateurs faisant partie du local 1657-FTQ).

Total des heures travaillées:

> 2013: 1 137 220

> 2014: 1 280 612 (projection selon les données actuelles)

> Variation: + 143 392 heures

Tonnages

> Hausse de 7,8%, au 30 septembre 2014 (par rapport au 30 septembre 2013)

> Conteneurs seulement: +7,4%

> Autres commodités: +22,6%

Nombre d'employés

> Débardeurs, Montréal: 947

> Vérificateurs, Montréal: 134

> Total: 1081

Terminaux

> Montreal Gateway Terminals (Cast et Racine)

> Termont

> Empire

> Logistec

> Logistec Contrecoeur

> 1 navire de type Grands-Lacs de 1000 pieds

> ou 564 wagons

> ou 2340 camions

Source: SODES