«Maison, réunion sans jurons», clame un grand panneau de l'entreprise Jonxion espace d'affaires en bordure de l'autoroute 10, à Brossard. Le rêve pour bien des automobilistes ennuyés par les bouchons sur le pont Champlain avant même les travaux de remplacement.

«Avec la construction du nouveau pont, on en a pour quatre ans de bordel sur le plan des transports, souligne Guy Mayer, responsable de la location et de la commercialisation chez Jonxion espace d'affaires. C'est un des éléments que je soulève auprès des décideurs dans les entreprises. Nous offrons des immeubles comparables à ceux du centre-ville pour bien moins cher et des places de stationnement gratuites.»

Les entreprises sont sensibles aux soucis de transport de leurs employés et à la qualité de vie offerte à Brossard. «Les gens nous en parlent spontanément», confirme Mario De Tilly, président-directeur général de Développement économique Longueuil (DEL). La localisation de la ville, avec un accès rapide aux autoroutes 10, 15, 30 et 132, constitue aussi un avantage pour plusieurs organisations.

Le phénomène n'est cependant pas unique à Brossard. «Les pôles de la Rive-Sud et de la couronne nord ont évolué, constate Andrew Maravita, directeur général de Colliers. Le marché est en pleine mutation. Il y a plus d'options qu'avant pour les entreprises.» Certaines maintiennent une présence au centre-ville, mais déplacent vers la banlieue les travailleurs qui ne sont pas en contact avec la clientèle. D'autres ouvrent des bureaux satellites pour se rapprocher à la fois de leurs employés et de leurs clients.

Une «edge city»

Le maire de Brossard, Paul Leduc, convient que Montréal est «le poumon économique du Québec» et qu'il exercera toujours un attrait pour ses citoyens. Néanmoins, il aspire à ce que les Brossardois habitent, travaillent et se divertissent dans leur ville. Il croit fermement au concept américain d'«edge city», que l'on pourrait traduire par ville lisière.

«C'est un espace urbanisé périphérique à une métropole où se concentrent des entreprises, des services, des centres commerciaux, des infrastructures de loisirs, etc., explique M. Leduc. C'est aussi une ville qui se tourne vers la nouvelle économie caractérisée par le savoir, la créativité, le développement et les technologies.» Une cinquantaine d'entreprises dans le domaine des technologies de l'information sont d'ailleurs installées à Brossard.

L'époque de la ville-dortoir est donc bel et bien révolue. Dans les dernières années, des centaines de millions de dollars ont été investis dans la construction de commerces, de salles de spectacle, de restaurants et de tours de bureaux. Et il reste encore des espaces libres au Quartier DIX30! «L'offre commerciale n'est cependant pas extensible à l'infini, prévient M. De Tilly. Tôt ou tard, il va y avoir un ralentissement. Ce sera probablement dans quelques années.»

Quant au boulevard Taschereau, un repositionnement sera effectué afin de l'amener à l'ère du TOD (Transit Oriented Development ou aménagement axé sur les transports en commun). «Le projet Taschereau 2035 prévoit des édifices en hauteur dans lesquels on retrouvera des bureaux, des commerces et des logements», décrit M. Leduc.

Bien entendu, le transport actif et les transports en commun seront une priorité dans la mise en oeuvre du projet. Le maire continue d'ailleurs de faire la promotion d'un système léger sur rail (SLR) sur le nouveau pont entre Brossard et Montréal.

Ville multiculturelle

Selon lui, le bassin de main-d'oeuvre, qui a un taux de diplomation plus élevé que la moyenne québécoise, est un autre atout pour les entreprises. Tout comme sa population multiculturelle et, bien souvent, multilingue. En effet, au fil des ans, Brossard a accueilli de nombreux immigrants. «Plusieurs sont des investisseurs qui participent au développement économique du Québec de façon importante, souligne M. Leduc. Des gens sont aussi moins fortunés, et il y a de l'aide pour eux. Mais ce n'est pas la majorité.»

Au total, près d'une soixantaine de communautés culturelles se trouvent sur le territoire de Brossard. Pour prévenir d'éventuels problèmes et favoriser les échanges, la Ville a d'ailleurs formé un comité multiculturel. «Ensemble, nous discutons de ce qu'on peut faire pour conserver et améliorer les conditions de vie de toutes les communautés», indique M. Leduc.