L'industrie des salons a évolué avec l'explosion de l'internet et des médias sociaux. Alors que certains salons ont perdu des plumes parce que leur clientèle préfère la recherche en ligne, d'autres voient déferler une nouvelle génération de visiteurs plus informés que jamais, liste de questions en mains.

«La génération de l'internet fait maintenant partie des décideurs au sein des entreprises et n'envisage pas nécessairement le salon comme un outil de promotion. Ces jeunes gestionnaires ont l'impression, à tort, que tout le monde les cherche en ligne et que les salons sont désuets», explique Maud Allard, présidente d'Expoz, entreprise qui organise le Salon Emploi Formation.

Or, un salon peut encore s'avérer très fructueux pour un exposant, à condition de considérer cette participation avec sérieux et de s'y préparer.

«Ceux qui utilisent bien le salon obtiennent d'excellents résultats, dit Maud Allard. Ceux qui l'utilisent mal auront un résultat proportionnel à leurs efforts, c'est-à-dire qu'ils rateront leur cible. Ce que l'on observe, c'est que certains exposants envoient dans leur stand des personnes qui comprennent mal leur rôle, ne sont pas sensibilisées à l'importance de la représentation qu'elles ont à faire, n'ont pas d'objectifs clairs et ne sont ni formées ni préparées pour en retirer le maximum.»

De plus, les exposants profitent du fait d'être réunis sous le même toit que les acteurs les plus prestigieux de leur industrie. «Le salon entraîne un effet de masse, ajoute-t-elle. On y trouve des entreprises très connues et des plus petites qui profitent du fait que les visiteurs sont attirés par la présence des gros acteurs. L'effet est le même que dans un centre commercial, où les petites boutiques bénéficient du pouvoir d'attraction des grandes marques.» Les entreprises auraient avantage à considérer le salon comme un outil de publicité et de marketing dont les bénéfices sont mesurables à moyen et à long terme.

«On est là avant tout pour se faire voir et se faire connaître. Le salon est le seul outil de marketing qui peut mettre une entreprise en contact direct avec des gens qu'elle n'a jamais touchés, car parmi les visiteurs qui s'arrêtent à un stand, huit sur dix n'en ont jamais entendu parler », dit Maud Allard. Des visiteurs plus avertis que jamais.

Le principal changement apporté par l'internet au sein des salons s'observe dans le comportement des visiteurs. Alors qu'autrefois, ceux-ci venaient pour voir les nouveautés en laissant le hasard guider leurs pas, ils se présentent aujourd'hui dans les salons avec des objectifs précis, des listes de choses à voir et des questions très pointues sur les produits et services qui les intéressent, après avoir passé des heures à s'informer devant leur ordinateur. «Aujourd'hui, les gens font énormément de recherches sur l'internet avant de se déplacer, dit Louise Benoit, fondatrice et présidente du Salon Maternité Paternité Enfants. Souvent, ils hésitent entre deux marques ou deux produits et la visite au salon sera déterminante dans leur décision. Nous avons aussi des futurs parents ou des grands-parents qui attendent que le salon arrive pour tout magasiner au même endroit, car ils n'ont pas envie de se déplacer dans plusieurs commerces aux quatre coins de la ville.»

Et si l'internet facilite les recherches, il ne remplacera jamais le bon vieux contact direct.

«Pour certains produits ou services, le virtuel ne suffit pas, dit Sheldon Kagan, fondateur et promoteur du Salon de la mariée. Rien ne remplace une rencontre face à face. Dans le cas d'un photographe pour son mariage, par exemple, on ne magasine pas seulement des prix et des styles de photo. On veut rencontrer le photographe en personne pour s'assurer qu'on s'entend bien avec lui et qu'il a de l'entregent. Personne n'a envie de se retrouver avec un photographe autoritaire ou antipathique le jour de son mariage!»