L'empreinte écologique d'un usager du transport en commun est quatre fois moins importante que celle d'un automobiliste. Et l'électrification pave la voie de l'avenir.

À l'affût des nouvelles technologies, la Société de transport de Montréal (STM) et l'Agence métropolitaine de transport (AMT) s'apprêtent à prendre un grand virage.

«La politique d'électrification des transports mise en place par le gouvernement veut que 95 % des déplacements en transport collectif soient électriques en 2030», souligne Nicolas Girard, président-directeur général de l'AMT.

À plus court terme, soit d'ici 2020, la STM veut que la proportion de ses déplacements ayant recours à une propulsion partiellement ou totalement électrique passe de 69 % à 86 %. «Le métro, c'est déjà plus de la moitié des déplacements de nos usagers et c'est un mode de transport propre à 100 %, précise André Porlier, gestionnaire, développement durable à la STM. Le reste, c'est notre parc d'autobus qui va migrer vers l'électrification.»

Plusieurs solutions sont actuellement envisagées (ou à l'essai) par l'industrie, en partenariat avec la STM.

> La pile à recharge lente doit être rechargée pendant 10 ou 12 heures pour obtenir une autonomie suffisante pour faire un parcours régulier. La STM vise une autonomie de 500 km. Actuellement, cette technologie n'existe pas. Seulement un cinquième de cet objectif est atteint.

> La pile à recharge rapide se recharge en quelques minutes, voire quelques secondes, mais elle a une autonomie très courte. L'idée, c'est que l'autobus soit capable de franchir un ou deux kilomètres jusqu'à la prochaine station pour qu'elle puisse être rechargée pendant le débarquement et l'embarquement des passagers. Alimentée par dispositif de biberonnage, la pile est rechargée par un contact physique à la hauteur du toit. Pour sa part, la pile PrimoveCity de Bombardier se recharge par le sol grâce à une technique d'induction sans contact.

Tramway et trolley

Le tramway, véhicule électrifié sur rail, et le trolleybus, autobus à propulsion électrique dont l'alimentation est filaire, sont également envisagés comme solutions de transport collectif. «Le trolleybus existe dans 1600 villes, il est extrêmement fiable et fonctionne dans des climats nordiques comme le nôtre. Il s'agit d'une solution intéressante pour les lignes à achalandage élevé", soutient André Porlier.

En attendant, la STM renouvelle son parc d'autobus avec des véhicules hybrides. On prévoit que 203 autobus hybrides rouleront dans l'île de Montréal d'ici 2017. Les usagers du métro profiteront, quant à eux, des voitures Azur, qui vont générer moins de chaleur, consommer moins d'énergie et augmenter la capacité des usagers de 15 %.

Voies réservées

Le système rapide par bus apportera un vent de fraîcheur dans le réseau de transport collectif. Ce projet est prévu sur le boulevard Pie-IX au cours des prochaines années. Il fera appel à des stations, à des voies réservées et à des outils technologiques, Les autobus y circuleront en site propre et contrôleront les feux de circulation. Le PDG de l'AMT, Nicolas Girard, souligne qu'à plus long terme, ce projet pourrait être entièrement électrifié.

Petit train va loin

Du côté de l'AMT, le principal projet d'envergure lié au plan d'électrification du gouvernement du Québec est le remplacement du système actuel de transport par autobus par un système léger sur rails 100 % électrique sur le futur pont Champlain. Ce projet permettra de véhiculer 32 000 personnes chaque heure comparativement à 22 000 personnes chaque tranche de trois heures, indique M. Girard.

Le projet du XXIe siècle pour le Québec, selon Pauline Marois

La première ministre du Québec, Pauline Marois, a annoncé, en février dernier, que l'électrification des transports devait devenir «le projet du XXIe siècle pour le Québec». En exploitant ce «pôle économique», le Québec pourrait mettre à profit ses surplus d'électricité, stimuler l'investissement et la création d'emplois dans toutes les régions, et permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Pauline Marois

Les embouteillages en chiffres

Les bouchons de circulation des grandes agglomérations urbaines seraient le signe, selon certains, que l'économie se porte bien. Pourtant, qui dit embouteillages dit dommages collatéraux en termes sociaux, environnementaux et économiques. Voici quelques chiffres qui viennent étayer cet état de fait. 

1,4 milliard

Les coûts socio-économiques de la congestion dans la grande région de Montréal en 2009. Ces coûts sont dus majoritairement aux retards que subissent les personnes qui font la navette entre leur domicile et leur lieu de travail ou d'étude, soit 906 millions, ce qui représente 63,6 % du coût total de la congestion. 

3 %

Accroître de 3 % la part modale du transport en commun permettrait notamment une baisse annuelle de 54 000 tonnes de CO2 et 1760 tonnes de CO.

75 %

Le transport étant la principale source de pollution atmosphérique, on estime qu'à Montréal, le transport cause environ 75 % de la pollution atmosphérique, dont 85 % des émissions d'oxyde d'azote et 43 % des composés organiques volatils (COV).

171

La voiture particulière émet 171 grammes de CO2 et 4,6 grammes de CO par passager-kilomètre, alors que l'autobus émet environ 71 grammes de CO2 et 0,5 gramme de CO par passager-kilomètre. 

1500 

On estime que 1500 décès prématurés par an à Montréal seraient attribuables à la pollution atmosphérique, dont 400 liés aux pics de pollution et 1140 à une exposition chronique.

17 900 

Une hausse de 3 % de la part modale du transport en commun permettrait d'économiser plus de 17 900 places de stationnement dans les quartiers centraux de Montréal. 

Sources: Chambre de commerce du Montréal métropolitain, SECOR, MTQ (2003 et 2009). 

- Stéphane Champagne, collaboration spéciale