Les employeurs du pays ont maintenant une raison de plus de se soucier de l'image que projette leur organisation. La réputation d'une entreprise ne sert plus qu'à attirer des clients: elle est désormais un ingrédient important de la mobilisation des employés.

C'est le constat que fait Andrée Mercier, vice-présidente principale chez Aon Hewitt, en analysant les résultats de l'étude «Employeurs de choix du Canada 2013» que prépare chaque année la société dont elle fait partie.

«Il y a maintenant un lien direct entre la réputation de l'employeur et la mobilisation, explique-t-elle. C'est une nouveauté pour nous cette année, et ça ressort vraiment de l'étude.»

L'étude en question, réalisée sous la forme d'un sondage à l'attention des employés des entreprises participantes, chiffre l'attachement des travailleurs envers leur organisation. Aon Hewitt publie ensuite le nom des 50 entreprises qui ont obtenu les meilleurs résultats au pays - des organisations auxquelles elle attribue le titre d'«employeur de choix».

Selon les données de l'étude la plus récente, 78% des employés travaillant pour l'un des employeurs de choix jugent que leur organisation a une bonne réputation. Pour les autres, le taux chute à 57%.

«Si l'employeur réussit à rehausser son image, ça va avoir un impact important sur la mobilisation de ses employés, explique Andrée Mercier. Si elle baisse, par contre, on constate que la mobilisation diminue aussi beaucoup.»

Les dimensions de la réputation

Selon Andrée Mercier, la réputation d'un employeur aux yeux de ses employés tient à trois critères principaux.

D'abord, l'employé veut être fier des produits et des services de l'entreprise pour laquelle il travaille. «Il veut travailler pour une organisation qui fait bonne figure et qui est bien vue de son entourage», précise-t-elle. D'ailleurs, selon les résultats de l'étude d'Aon Hewitt, 87% des travailleurs provenant d'un «employeur de choix» se sont dits fiers de leur organisation, contre 72% pour les autres.

Mais la fierté n'est pas le seul facteur qui crée un sentiment d'appartenance chez l'employé. Selon Andrée Mercier, les valeurs dégagées par l'entreprise sont aussi en cause. «Les employés veulent se retrouver dans leur entreprise», explique-t-elle. Elle souligne, par exemple, l'importance accordée par certains d'entre eux aux questions de conciliation travail-famille ou de protection de l'environnement.

Autre dimension de la réputation: le respect des promesses. Selon Andrée Mercier, les employeurs qui oeuvrent dans des secteurs compétitifs devraient se montrer prudents lors des entrevues d'embauche et éviter les promesses qu'ils ne pourront pas tenir.

«La donne a changé, dit-elle. Quand les talents sont rares, ce sont les employés qui choisissent pour qui ils vont travailler.»

Or, le respect des engagements est devenu, selon la spécialiste en ressources humaines, un critère qui va peser lourd dans la balance en matière de motivation de l'employé - et peut-être même de sa rétention dans l'entreprise. «Au lieu de promettre, il faut être réaliste et dire plutôt: voilà dans quelle direction nous allons», conseille-t-elle.

Et qu'en est-il des «Y», ces jeunes qui en sont à leurs premières armes sur le marché du travail? Selon Andrée Mercier, ils seront avant tout mobilisés s'ils reçoivent de leur employeur de la rétroaction sur la qualité de leur travail. «Ils sont habitués à l'interactivité et à l'information instantanée, explique-t-elle. Ça tient aussi pour les relations avec l'organisation.»

Selon la vice-présidente principale chez Aon Hewitt, les employeurs auraient donc avantage à bien cerner le profil de leurs employés pour s'assurer de répondre correctement à leurs attentes, et ainsi favoriser leur mobilisation au travail.