Schefferville est plus près de Kuujjuaq que de Sept-Îles. C'est dire l'éloignement des gisements miniers. Tout le Québec au nord du lac Saint-Jean fait partie du Plan Nord. C'est dire l'étendue du territoire couvert.

Comment atteindre le milieu d'un immense nulle part? «L'accessibilité au Nord est le nerf de la guerre», lance Marc-Urbain Proulx, économiste et professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi, spécialisé en développement régional.

C'est le nerf de la guerre, mais aussi l'artère vitale, autant pour les sociétés minières que pour les municipalités qui y seront liées.

Le volet du Plan Nord sur les transports comprend sept «priorités d'action» pour allonger, améliorer ou compléter les cinq voies d'accès terrestres actuelles.

La route 167

Le prolongement de la route 167 sur 240 km, sur chaussée gravelée, du lac Mistassini jusqu'aux monts Otish, est le premier projet pour lequel une entente a été conclue avec l'entreprise privée. Le coût de construction, révisé à la hausse à 331 millions de dollars, fera l'objet d'une participation de 44 millions par la société Les diamants Stornoway. L'entreprise consacrera également 1,2 million de dollars par année à son entretien.

«Une fois la route terminée, l'entretien sera payé à 100% par les entreprises, indique Guillaume Lavoie, conseiller en affaires publiques à Transports Québec. C'est un principe d'utilisateur-payeur.»

La route 389

Le Plan Nord prévoit la réfection de la voie de 570 km entre Baie-Comeau et Fermont, à la frontière du Labrador. Elle est composée de différents tronçons construits à diverses époques et reliés entre eux à la fin des années 80. Pour les 570 km du tracé, les travaux s'élèveraient à 438 millions, dont 201 millions à l'intérieur du plan quinquennal 2011-2016 du Plan Nord.

La route 138

Sur la Basse-Côte-Nord, la route 138, qui s'arrête pour l'instant à Natashquan, atteindra Kegaska en 2013, 43 km plus loin.

À plus long terme, l'objectif - ambitieux - est d'atteindre Blanc-Sablon, à quelque 400 km de distance. Le plan quinquennal du Plan Nord a prévu un investissement de 122 millions, qui s'ajoute aux 100 millions déjà annoncés en 2006.

«C'est un territoire très cicatrisé par des bras de mer et les rivières, avec beaucoup de tourbières, souligne Guillaume Lavoie. Pour établir le trajet, Transports Québec fait affaire avec la corporation Pakatan, de la Basse-Côte-Nord, qui va privilégier les projets.»

De Kuujjuaq vers le sud

Le Plan Nord prévoit en outre des études de faisabilité pour un lien vers le sud à partir de Kuujjuaq, sur la baie d'Ungava. Deux avenues - si l'on peut dire - sont envisagées. La première consiste à construire une chaussée qui serait reliée à la route Transtaïga, laquelle mène vers l'est sur 666 km jusqu'au réseau routier de la baie James. La route gravelée s'étirerait sur 423 km et coûterait 645 millions.

Autre option, une voie ferrée pourrait joindre Kuujjuaq à Schefferville, elle-même reliée par rail à Sept-Îles, ce qui établirait une voie complète du nord au sud. La facture s'établirait à 2,5 milliards.

Qui va payer?

Le budget provincial de mars dernier prévoit des investissements routiers de 726 millions de 2012 à 2017. Qui va payer? «Il est difficile de savoir exactement comment ça va être financé», observe Bertrand Schepper, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) et auteur de notes sur le Plan Nord. «Les dernières nouvelles du budget nous laissaient comprendre que finalement, ce serait le privé qui financerait la vaste majorité des infrastructures.»

Cette annonce ne l'empêche pas de nourrir quelques préoccupations. «Ce qu'on comprend, c'est que ce sont surtout des partenariats, par exemple entre Investissement Québec ou la Caisse de dépôt et des entreprises privées. À quel point est-ce que ce ne sera pas encore le public qui va prendre les risques?»

Marc-Urbain Proulx l'exprime autrement: «Il va falloir faire des calculs si on ne veut pas se mettre dans le trou en exploitant des ressources non renouvelables.»