«Le Québec est très fragile en ce qui concerne la rétention de ses innovations.»

Voilà le diagnostic que pose Jean-Louis Legault, président et directeur général de l'Association pour le développement de la recherche et de l'innovation du Québec (ADRIQ). «Il existe un mécanisme pervers par lequel nos innovations prennent souvent le chemin de l'étranger avant d'avoir donné ici leur plein potentiel», constate-t-il.

Pour M. Legault, au coeur de ce mécanisme il y a le comportement du capital de risque québécois. Quand ce dernier arrive dans le paysage l'innovation a déjà reçu quelque argent des premiers investisseurs, anges financiers, fonds universitaires, etc. «Nos capitalistes de risque vont prendre les commandes de la start-up innovatrice, écarter les premiers arrivés et exiger des actions privilégiées à rendement garanti», dit-il.

Laisser mûrir

Le président de l'ADRIQ juge les capitalistes de risque québécois incompétents à prendre le contrôle d'une société innovatrice, faute des connaissances techniques suffisantes.

«Ils n'ont pas, non plus, la patience de leurs homologues américains ou européens, dit-il. Ils cherchent à retirer leurs billes avec profit dans les trois ou quatre ans après avoir investi. Il en faut bien plus pour mûrir une société innovante.»

La vente à rabais

La sortie consiste le plus souvent à vendre l'entreprise innovante à rabais à un acheteur étranger ravi de sa bonne fortune. «Si l'État avait davantage soutenu l'innovation avec ses programmes militaires ou d'infrastructure, la vente de feu n'aurait peut-être pas été nécessaire», dit-il.