Le secteur minier s'est longtemps vanté de proposer de meilleures rémunérations qu'ailleurs. Mais le climat économique mondial laisse planer une incertitude sur l'évolution à venir.

Parallèlement, l'industrie préfère miser sur les conditions de travail plutôt que sur le seul salaire. Voici les tendances du secteur.

Les salaires sont à leur sommet

Les entreprises minières n'ont jamais aussi bien payé leurs employés. Les salaires ont atteint un sommet en 2010, et se sont maintenus en 2011, indique l'étude Mining Industry Salary Survey, réalisée par les firmes de consultation Coopers Consulting et PwC.

En 2009, les résultats des sociétés minières avaient été amoindris par la crise financière, explique Lou Vujanich, responsable de l'enquête et associé principal chez Coopers Consulting.

«Les ingénieurs des mines nouvellement diplômés peuvent raisonnablement s'attendre à un salaire de départ d'environ 70 000$, qui grimpe à près de 75 000$ après une ou deux années d'expérience», mentionne l'étude.

Les primes sont plus généreuses

Les prix élevés des minerais sur les marchés mondiaux ont dopé les performances financières des entreprises minières. Celles-ci ont répercuté ces bons résultats sur les primes attribuées aux employés.

Ils sont de plus en plus nombreux à en bénéficier; 80% y sont admissibles en 2011, contre 59% en 2002, indique l'étude de Coopers Consulting et PwC.

L'incertitude économique pèse sur l'avenir

«Le Plan Nord va accroître la rareté de compétences. Les entreprises vont s'arracher davantage les bons candidats», affirme Nochane Rousseau, leader de l'industrie minière pour la région du Québec chez PwC.

Toutefois, les perspectives économiques mondiales menacent le niveau de rémunération dans les années à venir.

«Avec la crise financière en Europe et l'instabilité économique aux États-Unis, les prix risquent d'être moins élevés. Et si les performances financières se dégradent, la rémunération risque de baisser», prévient Nochane Rousseau.

Les salaires ne suffisent plus

L'industrie a longtemps mis en avant ses salaires confortables pour attirer et retenir ses travailleurs, reconnaît Michel Bélanger, directeur général du Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines.

Mais si les sociétés minières veulent encore parvenir à convaincre une main-d'oeuvre compétente, elles doivent miser davantage sur les conditions de travail offertes.

«L'image de la mine dans les années 70, c'est fini», soutient-il. Aujourd'hui, les entreprises minières retiennent leurs employés avec un gymnase ou une nourriture de meilleure qualité, souligne M. Bélanger.

L'industrie doit séduire une main-d'oeuvre compétente

L'industrie des mines gagnerait à moderniser ses pratiques, affirme Michel Bélanger.

«Au Québec, nous avons des membres des communautés ethniques formés en ingénierie. Et l'industrie manque d'ingénieurs. Mais si nous voulons les attirer, nous devons nous intéresser à eux, à ce qu'ils voudront trouver dans le Nord pour accepter d'y travailler», poursuit-il.

L'industrie a-t-elle fait du chemin pour attirer ces travailleurs? «Nous en sommes à la prise de conscience», constate M. Bélanger.

UNE MINE D'EMPLOIS

Les retombées du Plan Nord dépasseront l'industrie minière. Le secteur des services se prépare à accompagner les projets industriels. Les firmes comptables et les cabinets de relations publiques sont déjà sollicités. L'été dernier, la firme de consultation PwC a mis en place une équipe de 11 personnes entièrement dédiée au Plan Nord. «Tous sont des professionnels expérimentés. La plupart sont des associés, spécialisés dans des secteurs industriels et en administration», précise Nochane Rousseau, leader de l'industrie minière pour la région du Québec chez PwC. Aucun n'a été spécifiquement embauché pour travailler sur le Plan Nord. Pour l'heure, il s'agit d'un redéploiement de ressources, précise M. Rousseau. Le secteur de l'énergie devrait employer de nombreux salariés pour mettre en oeuvre les projets inscrits dans le Plan Nord. Toutefois, Hydro-Québec n'a pas souhaité communiquer à La Presse la nature des emplois associés aux projets que la société d'État réalisera dans le cadre du Plan Nord.

DES SALAIRES ALLÉCHANTS

- Salaire annuel moyen des emplois les plus demandés dans l'industrie minière d'ici 2020:

- Foreur au diamant (en surface): 83 980$

- Technicien minier: 63 648$

- Géologue: 51 168$

- Conducteur d'engins de chantier: 50 128$

- Opérateur de machineries fixes (en surface): 43 836$

- Mécanicien industriel: 40 196$

- Mécanicien de machineries lourdes: 35 984$

Sources: monemploi.com (2009) et l'Union des opérateurs de machinerie lourde.