PME, vous dites? Le sigle évoque le plus souvent une entreprise aussi modeste que méritoire, mais la catégorie inclut également les moyennes entreprises.

Ce sont les grandes négligées, coincées entre la masse des entreprises naissantes et le poids des grandes sociétés.

En 2010, le Québec totalisait 4128 moyennes entreprises de 100 à 500 employés, soit 1,7% de son parc de 247 435 entreprises. «Il n'y a pas beaucoup de moyennes entreprises, constate Martine Hébert, vice-présidente, Québec, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Plusieurs raisons peuvent l'expliquer. L'environnement fiscal et réglementaire est extrêmement contraignant au Québec, et grossir devient un choix.»

Pourtant, le Québec compte la même proportion de moyennes entreprises que le Canada, soit 1,7% des entreprises privées.

Martine Hébert avance une seconde explication: «Lorsqu'une moyenne entreprise atteint une certaine taille, elle devient intéressante pour les plus grandes. Il y a alors des acquisitions.»

Devenir moyenne

On ne décide pas de devenir une moyenne entreprise. On veut simplement croître. Ou pas. Ou jusqu'à une taille jugée confortable.

La barrière des 100 employés semble particulièrement difficile à franchir. «Plusieurs entrepreneurs ne veulent pas croître, observe Louis Jacques Filion, professeur à HEC Montréal et titulaire de la chaire d'entrepreneuriat Rogers J.-A.-Bombardier. Leur entreprise les occupe suffisamment et ils aiment ce qu'ils font. Beaucoup d'entre eux ne veulent pas délaisser leur métier de base pour commencer à faire de la gestion.»

Une fois le pas franchi, cependant, il n'y a pas de regret - à peine un peu de nostalgie de cette époque où l'entreprise était encore jeune, légère et souple. Mais son nouveau poids va de pair avec une meilleure santé financière. La moyenne entreprise montre des actifs et un fonds de roulement mieux proportionnés. «Le défi, c'est quelles sont souvent moins disciplinées qu'à l'époque où l'argent était plus rare, constate Patrice Bernard, premier vice-président, exploitation, Québec, à la Banque de développement du Canada (BDC). Il faut s'assurer que la gestion des comptes à recevoir soit aussi sévère que si on manquait de fonds, que la gestion de l'inventaire soit aussi rigoureuse que si on était serré financièrement.»

Bâtir une équipe

Quand elle accède à la taille moyenne, l'entreprise est d'une certaine manière une petite entreprise hypertrophiée, qui conserve le fragile squelette de sa jeunesse. Pour renforcer cette structure, l'entrepreneur devra s'entourer d'une solide équipe de gestionnaires. «Le rôle dun PDG n'est pas de bâtir une entreprise, mais de choisir une équipe de gens qui, eux, vont bâtir une entreprise», explique le spécialiste en planification stratégique Dominic Deneault, associé chez Trebora Conseil.

Comment les choisir? «On cherche une conformité avec les valeurs de l'entreprise, des passionnés, des gens qui excellent, des gens disciplinés, bref, de l'engagement, décrit-il. Une fois que tu as bâti cette équipe, tu peux aller à la guerre avec elle.»