Les grandes institutions financières ont remarqué une tendance depuis le début de la crise économique il y a environ deux ans: une partie de la clientèle délaisse les primes plus luxueuses pour se tourner vers des primes plus terre à terre, comme des remises au compte.

«Par exemple, au lieu de payer 600$ pour régler leur solde de carte de crédit du mois, nos clients peuvent payer 580$ et payer le 20$ qui leur reste avec les bonidollars qu'ils ont amassés», explique Isabelle Durand, conseillère principale, cartes et financement à la consommation chez Desjardins.

On est loin des grands projets fous qu'on ose se permettre parce qu'on ne le paye pas vraiment de sa poche! «C'est certain que lorsqu'on opte pour les remises au compte, tout l'aspect aspiration est évacué. Certains disent que ça passe dans le beurre, qu'ils ne se rendent pas vraiment compte qu'ils utilisent leurs bonidollars, mais chez une partie de notre clientèle, c'est très intéressant», affirme-t-elle.

Cotiser à son REER

Prendre ses bonidollars pour cotiser à son REER est aussi une option de plus en plus populaire.

«Les gens comprennent bien que c'est doublement avantageux parce qu'ils reçoivent par la suite un remboursement d'impôt», ajoute Mme Durand.

On remarque la même tendance chez Banque Nationale Groupe financier. «Les détenteurs de cartes de crédit semblent plus intéressés aux remises en argent. Pour eux, c'est de la liquidité. On voit aussi beaucoup de paiements d'hypothèque et d'achats de produits bancaires avec les points», indique Nadine Labbé, directrice, solutions aux particuliers, Master Card, Banque Nationale Groupe financier.

Elle n'y voit ni plus ni moins que des conséquences directes de la crise économique.

«Depuis longtemps, nous offrons ces possibilités, mais depuis 2008, une portion de notre clientèle s'informe davantage de ces options. Ils vont moins vers les produits de luxe, plus vers des choix terre à terre», affirme-t-elle.

Pour les PME

Pour s'adapter à la tendance, Banque Nationale Groupe financier se prépare à lancer une offre bonifiée de primes affaires pour les détenteurs de la carte de crédit Master Card PREMIA de la Banque Nationale, destinée aux petites entreprises et aux travailleurs autonomes.

«Ces gens d'affaires cherchent des programmes de récompenses qui deviennent en quelque sorte des leviers pour leur entreprise et qui les aident à avoir de la liquidité. On retrouvera par exemple des ordinateurs et de l'équipement de bureau à la fine pointe de la technologie. Il peut aussi s'agir de produits qui ne sont pas la priorité numéro un de l'entrepreneur à court terme, mais qui feront son bonheur puisqu'il n'est pas obligé de payer pour se les procurer», affirme Mme Labbé.