L’innovation : ils font déjà partie de l’équipe d’employés de plusieurs restaurants. Mais bientôt, ils risquent de se multiplier sur le marché du travail dans différentes activités, notamment dans la livraison de repas aux chambres en hôtellerie et même en faisant partie intégrante du service d’animation des résidences pour aînés.

L’entreprise

C’est du moins le pari que fait la jeune entreprise québécoise Fractal Solutions robotiques qui, bien que fondée récemment, attire déjà l’attention avec Henri, Winston, Bingo, Olive et Peanut, des robots nouveau genre. Ce qui les distingue ? Une panoplie de nouvelles fonctionnalités permettant aux robots d’évoluer en dehors d’une salle à manger de restaurant.

« La mission de l’entreprise, c’est de pouvoir faire profiter des avantages de la robotique dans toutes les industries », explique Jean-Michel Lemaire, président et cofondateur de Fractal Solutions robotiques, dont les bureaux sont situés à Sherbrooke. « La restauration commence tout juste à découvrir la robotique et les autres industries commencent à ouvrir leur esprit », ajoute le titulaire d’un baccalauréat en génie robotique.

Ainsi, comme ceux observés au cours de la dernière année dans plusieurs restaurants, les robots de M. Lemaire et de son équipe ont évidemment les compétences pour apporter des assiettes aux tables. Ils le font d’ailleurs déjà dans une résidence pour aînées de Joliette. Mais Henri, le nouvel employé de service, a plusieurs cordes à son arc. Il peut prendre l’ascenseur de façon autonome grâce à un système de communication lié au panneau d’ascenseur. Résultat : le robot peut monter des repas aux chambres.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

De gauche à droite : Benjamin Houle-Selby, Jean-Michel Lemaire et Charles Maillette, cofondateurs de Fractal Solutions robotiques

« Parfois, le résidant veut absolument manger à 11 h 15, mais avec le manque de main-d’œuvre, c’est difficile de livrer à l’heure exacte », illustre Jean-Michel Lemaire. Le robot permet donc d’assurer un service fiable.

Les hôtels, dont certains n’offrent plus le service de repas aux chambres par manque de ressources, pourraient également être intéressés par l’ajout d’un robot dans leur équipe.

Fractal Solutions robotiques travaille déjà à allonger la liste des tâches que peuvent accomplir ses protégés. « Certaines résidences ont un petit dépanneur. Il pourrait être possible d’appeler à la réception et de commander un sac de croustilles. L’employé du dépanneur le remet au robot qui s’occupe ensuite de le monter à la bonne chambre. »

« On pourrait aussi avoir un robot qui fait la tournée des chambres pour rappeler aux résidants qu’il y aura une activité dans 15 minutes », ajoute M. Lemaire.

Dans certains évènements, les robots pourraient également servir bouchées et cocktails.

« L’idée, c’est de penser aux scénarios où ils peuvent être le plus utiles. »

Éventuellement, les robots vont devoir parler et peut-être même… faire des blagues.

Par ailleurs, l’entreprise qui compte actuellement six employés suscite déjà la curiosité de plusieurs clients potentiels. Et le téléphone commence à sonner, raconte M. Lemaire.

Les défis

Avec l’embauche d’Henri dans une résidence pour aînés, l’équipe de Fractal Solutions robotiques a beaucoup appris sur les défis qui l’attendent. « Il n’y a rien de plus simple que de faire fonctionner le robot. Ça nous a peut-être pris deux jours avant de s’assurer qu’il fonctionnait bien. Mais le côté humain a été tout un défi. »

Le faire accepter du personnel n’a pas été si facile, reconnaît M. Lemaire. Près d’un employé sur deux trouvait l’idée intéressante, certains étaient complètement indifférents et d’autres montraient clairement une réticence.

Ainsi, il a réalisé toute l’importance d’expliquer aux employés que le robot est là pour leur donner un coup de main. Et s’il ne répond pas aux exigences, il perdra son « emploi ».

Par contre, les résidants, eux, ont accueilli Henri à bras ouverts. La perception voulant que les personnes âgées soient réfractaires aux changements et aux technologies n’est absolument pas fondée, selon M. Lemaire.

« Ce n’est pas ce qui se passe. Elles sont généralement plus curieuses et elles font preuve d’une plus grande ouverture d’esprit que d’autres groupes d’âge. »

Leur première réaction : « Un robot ! C’est quoi son nom ? » À Joliette, ils ont d’ailleurs pris la liberté de rebaptiser Henri. « Les résidants ont commencé à l’appeler Germaine. »