Alex Bastide déteste les longues files d'attente au resto. Pour les éviter à sa clientèle, le propriétaire des établissements L'Gros Luxe lance, lundi, une application permettant de connaître le temps d'attente avant d'avoir une table. Un impératif dans un lieu où on ne prend pas les réservations! «À mon restaurant du Plateau, il peut y avoir 90 minutes d'attente, raconte-t-il. Mais en fonctionnant sans réservation, j'évite les moitiés de groupe qui ne se présentent pas et les gens qui arrivent en retard. Et pour pouvoir offrir des bas prix au menu, les tables doivent se renouveler vite.»

Pour plaire à sa clientèle, Alex Bastide a plutôt décidé d'investir 30 000$ dans la conception d'une «liste d'attente virtuelle», offerte tant pour iOs qu'Android. «Le client peut nous envoyer un message en chemin, explique-t-il. Et on peut lui répondre: «Venez maintenant ou dans 45 minutes.» L'application permet aussi d'afficher les adresses de tous nos restaurants.»

L'est du Québec en vue

Car L'Gros Luxe a fait trois petits depuis l'ouverture des deux premières adresses sur le Plateau et dans le Mile End, à Montréal, il y a 17 mois. En novembre, ce sera au tour de Sainte-Foy d'accueillir un L'Gros Luxe. «Avec ses 2000 pi2 et ses 172 places intérieures et en terrasse, ce sera notre plus gros resto, dit Alex Bastide. C'est stratégique pour d'autres ouvertures dans l'est du Québec.»

Dans un monde idéal, l'administration ajouterait trois L'Gros Luxe par an. «Je veux une chaîne, mais avec un esprit local, explique Alex Bastide. Chaque resto a une identité, a ses cocktails, ses plats propres et est un resto de quartier. On travaille avec la communauté. J'ai engagé un gars pour le marketing social. On recherche de la clientèle locale et non touristique.»

À long terme, Alex Bastide rêve d'une chaîne de 18 adresses au Québec, de plus d'une dizaine dans le reste du Canada et d'une quinzaine aux États-Unis. «J'ai envoyé une offre à New York avec l'objectif d'ouvrir un restaurant en avril 2016, dévoile le propriétaire. Le marché américain est plus intéressant. On y paie moins d'impôts et les salaires des serveurs sont moins élevés. On revient gagnant même si le loyer est plus cher.»

Dans une industrie où les contraintes se multiplient, liées à la hausse du prix des denrées et des loyers ainsi qu'à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs, ouvrir rapidement un, puis deux, puis trois restaurants relève du miracle ou de l'inconscience! «C'est l'enfer, aujourd'hui! lance Alex Bastide. J'ai de la peine pour bien du monde. Je vois des restos ouvrir puis fermer rapidement, je vois des gens qui y investissent des fortunes. Mais le problème dans la restauration, c'est que ce sont les chefs qui les ouvrent, bien souvent. Ce sont des passionnés, mais qui ne savent pas comment faire entrer 100 personnes dans leur restaurant, comment le décorer, faire du marketing et choisir un bon emplacement.»

Recette marketing

Alex Bastide, propriétaire des magasins de skateboard Underworld depuis 20 ans, a sa recette marketing pour attirer la clientèle.

Chaque fois qu'il cible un local, il rachète la faillite, les meubles et accessoires qu'il contient! Il investit ainsi au maximum 125 000$ pour chaque adresse. «On fait tout nous-mêmes, explique-t-il. Le design, la déco. Aussi, je n'ouvre pas dans une ville sans avoir un propriétaire opérateur qui achète au moins 5% des parts.»

La direction réussit à offrir un menu composé de plats de 6 à 10$ entièrement faits maison et à quand même tirer 28% de marge sur le prix de ses plats. «Avec de tels prix, on s'assure que les gens reviennent, explique Alex Bastide. C'est la clé du succès ici. On analyse bien les ingrédients. Je mise sur la nourriture végétarienne, ce qui est plus payant en fin de compte. On travaille 50 ingrédients au lieu de 100. On a donc moins de pertes.»

Tous les ingrédients semblent là pour nourrir et faire grossir sa chaîne. «Déjà, avec l'ouverture des magasins Underworld, je rêvais d'une chaîne, avoue Alex Bastide. Je me suis toujours vu avoir une grande équipe et voyager.»