Une catapulte. Un chevalier. Un tyrannosaure. Un petit chiot.

Ce sont quelques-uns des nouveaux modèles à assembler que le fabricant de jouets Bloco lance cet automne.

Et Nathalie Barcelo entend les lancer le plus loin possible.

La présidente-fondatrice de la petite entreprise montréalaise - une dizaine d'employés - s'attaquera à l'Europe avec une nouvelle vigueur en 2015.

Elle a signé cette année une entente avec l'important distributeur Wooky, qui prendra en charge la plus grande partie du marché européen. Nathalie Barcelo a rompu du même coup ses liens avec plusieurs petits distributeurs régionaux. «Cette entente devrait faire en sorte que le produit va être présent à plus grand volume un peu partout», souligne-t-elle. Les modèles et les emballages ont été ajustés pour les besoins des divers marchés européens, où elle prévoit une belle progression des ventes en 2015.

Comme en Amérique du Nord

«J'aimerais qu'on réussisse à pénétrer sur le marché européen de la même façon qu'on est en train de le faire en Amérique du Nord, déclare Mme Barcelo. Avec une présence plus régulière, on espère que l'Europe va représenter une bonne partie de notre chiffre d'affaires.»

L'objectif n'est pas minime. La présidente estime qu'en 2014, le chiffre d'affaires sur les marchés canadien et américain connaîtra une croissance de 50% par rapport à 2013. Les efforts consentis il y a deux ans auprès des détaillants de moyenne taille commencent en effet à porter leurs fruits. La distribution en ligne des jouets Bloco amène aussi une certaine visibilité, sans campagne intensive de marketing.

Bloco est également présente en Asie, en Océanie et en Amérique latine.

Le dur marché des jouets

Designer industrielle, Nathalie Barcelo a lancé son entreprise en 2004 autour de son invention: un jeu de construction d'animaux et personnages, à l'aide d'éléments taillés à l'emporte-pièce dans des plaques de mousse de plastique souple. Ces pièces sont assemblées et articulées par emboîtement ou à l'aide de petites chevilles de plastique. La taille et la souplesse des modèles constituent leurs plus grands attraits sur le marché. «C'est l'enfant qui crée le personnage ou la bête», décrit la présidente, qui demeure la designer principale de ses produits. «Il en tire une très grande fierté.»

Le site internet de Bloco en fait foi. Sur la page des «chefs-d'oeuvre», les créations des enfants proviennent de Corée, de Belgique, du Venezuela...

Les 35 modèles de Bloco sont en bonne partie fabriqués et assemblés au Québec.

Dans l'univers des jouets, l'exportation est exigeante. Il faut compter avec le risque de copie, les tests de sécurité.

En Europe, les normes de sécurité sont standardisées, mais en Asie, les exigences sont beaucoup plus disparates. En 2014, les dinosaures de Bloco ont posé la patte au pays de Godzilla. L'entreprise a obtenu la certification japonaise pour ses modèles destinés aux enfants de 6 ans et plus, mais a remis à plus tard celle des modèles pour les plus jeunes, qui ne répond pas aux mêmes critères. Une - coûteuse - étape à la fois.

Concurrence Ă©lectronique

L'avenir pourrait cependant être assombri par la concurrence électronique. «Le plus grand défi va être de savoir si les enfants de 4 à 10 ans vont quand même vouloir jouer dans l'espace réel plutôt que dans l'espace virtuel, avec de vrais objets qu'ils touchent de leurs mains», formule Nathalie Barcelo.

Heureusement, le secteur des jouets de construction conserve son attrait et n'a pas vu ses ventes diminuer. Pour l'instant.

Sinon, il restera toujours la possibilité de développer des applications Bloco pour tablettes numériques. «S'il le faut, on le fera», laisse tomber l'entrepreneure-designer.

Mais on sent qu'elle préfère encore la matière.