Elle a conquis l'industrie porcine canadienne avec son vaccin Coliprotec. Elle s'apprête à faire de même au Brésil, où son produit a récemment été homologué. La PME Prevtec Microbia compte faire deux percées importantes en 2012-2013. Est-ce que ce sera en Russie où la production de porcs frise les 50 millions de bêtesou aux États-Unis, deuxième plus important producteur de porcs au monde avec 100 millions de têtes?

Peu importe, affirment les dirigeants de l'entreprise d'agro-biotechnologie dont la mission est d'améliorer la santé des animaux et d'accroître les performances d'élevage.

Ce qui compte, c'est que la PME de 20 employés voit son travail récompensé après neuf ans.

Cette société issue d'un essaimage (spin-off) de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal investit des millions de dollars dans la création et l'homologation de vaccins destinés à l'industrie porcine, bovine et aviaire. Son premier vaccin s'adresse aux porcelets en période de postsevrage. Le Coliprotec réduit les risques de diarrhées lorsqu'ils sont séparés de leur génitrice.

Vaccin homologué au Brésil

Ce vaccin a la particularité d'être administré avec de l'eau, ce qui facilite grandement le travail des éleveurs. L'an dernier, la PME de 20 employés a sablé le champagne après que son vaccin ait été homologué au Brésil, où la production annuelle porcine est en constante progression. Le produit vedette de l'entreprise québécoise est distribué par le géant français Virbac, lequel se présente comme l'un des 10 plus importants groupes pharmaceutiques vétérinaires au monde.

Le Coliprotec, vendu moins d'un dollar la dose, s'est écoulé à quelques millions d'exemplaires au Canada. Il devrait en être de même au Brésil. Quant aux États-Unis et à la Russie, ils offrent d'excellentes perspectives. «Vladimir Poutine a annoncé qu'il voulait mettre de l'avant un programme d'autosuffisance protéinique pour son pays. Cette initiative devrait avoir des répercussions dans des pays voisins de la Russie», explique Michel Fortin, président et chef de la direction de Prevtec Microbia.

L'Europe (quelque 200 millions de porcs élevés) et l'Asie sont également visées. Les processus d'homologation pourraient être complétés d'ici 2014 sur le Vieux Continent, croit M. Fortin, qui préfère taire son chiffre d'affaires. L'entreprise commence à explorer le continent asiatique et plus particulièrement la Chine, où sont élevés 600 millions de porcs annuellement (soit plus de 50% de la production mondiale de 1,1 milliard de cochons).

Prevtec Microbia est la propriété de Michel Fortin et des cofondateurs Éric Nadeau et John Fairbrother, deux chercheurs de l'Université de Montréal. À cela s'ajoutent les actionnaires: Télésystems, Accès Capital, Echo Capital, Univalor et Groupo Fuertes, un holding familial d'Espagne qui serait le numéro deux dans l'industrie du porc en Europe.

De l'innovation ouverte

Si Prevtec Microbia peut soutenir financièrement ses travaux de recherches et ses très coûteuses demandes d'homologation un peu partout sur la planète, c'est parce qu'elle a choisi un modèle d'affaires que son président qualifie de «portes battantes». Certains gourous appellent cela de «l'innovation ouverte». Bref, la PME québécoise collabore avec une multitude de partenaires au lieu de tout faire elle-même et d'assumer les coûts et les ressources qui s'y rattachent.

Ses travaux de recherche se font en collaboration avec des laboratoires universitaires et privés. L'entreprise maskoutaine s'en remet également à des organismes comme le Saskatchewan Research Council et le Contract Research Organization pour ce qui est de la production à grande échelle et l'homologation de ses produits.

Prevtec Microbia planche actuellement sur plusieurs projets de recherche, notamment des anticorps qui permettraient aux bovins d'éliminer de leur organisme la bactérie E.coli O157: H7, laquelle est responsable de la «maladie du hamburger».