On pourrait maintenant dire Location Nathalie Légaré. Après tout, en janvier dernier, la fille de Jean Légaré est officiellement devenue la présidente de l'entreprise de location de camions et voitures de la rue Hochelaga. «Je n'ai jamais pensé changer le nom de l'entreprise, affirme Nathalie Légaré. Dans l'industrie, on l'appelle de toute façon Location Légaré.»

Son enseigne toute neuve certifie que Locations Jean Légaré n'aura pas d'autre baptême! Que l'entreprise de 55 employés demeurera une adresse avec un parc de plus de 450 véhicules de toutes les tailles loués notamment à Équipe Spectra (Festival international de Jazz de Montréal), Juste pour rire et Aventures Makwa. «On a aussi fait notre niche dans les véhicules spécialisés, souligne Nathalie Légaré. Nous sommes les seules à louer des véhicules adaptés pour les gens à mobilité réduite. On a aussi des camions à nacelle, des véhicules réfrigérés et des fardiers. Là, on a des demandes pour de petites vans réfrigérées. Mais le financement pour l'achat de véhicules pour la location à court terme est très difficile à avoir des banques. On est la bête noire de l'industrie automobile, car il y a eu beaucoup de faillites (Kangouroute notamment) et de la fraude.»

Petite marge de profit

Si le chiffre d'affaires de Location Jean Légaré croît habituellement de 2% chaque année, Nathalie Légaré doit être toujours plus rusée pour dégager des profits. «J'oeuvre dans une industrie difficile, car la compétition est énorme, note la présidente. La marge de profit est mince. Je louais les voitures plus cher il y a 25 ans et, à l'époque, c'était des véhicules qu'on achetait 8000$ et non 20 000$! Pour pallier, on offre plus de choses, on diversifie nos services, on loue des GPS et des DVD portables. On pense louer des choses plus facile à rentabiliser.»

Nathalie Légaré dit assurer l'expansion de son commerce notamment grâce aux bonnes références. «On ne fait pas beaucoup de pub, dit-elle. Un peu sur l'internet, dans les Pages Jaunes, quelques messages à la radio... Et jamais on ne dit à un client qu'on n'a pas de véhicule. Quand il m'en manque, je vais en chercher chez le concurrent. Je perds de l'argent, mais je garde mes clients.»

Petites tempêtes

Au cours des deux dernières années, l'entreprise fondée en 1968 sur le terrain familial a affronté de petites tempêtes: la crise financière, l'absence du Grand Prix du Canada, la perte de trois partenaires financiers, un différend familial... Mais après avoir pensé vendre ou s'associer à un plus grand, la famille Légaré a revu son organigramme. La fille de Jean et Jacqueline Légaré, qui détenait 10% des parts de l'entreprise, a décidé de racheter celles de ses parents et de son frère. Non sans avoir un cas de conscience... «Je me disais que mes parents avaient travaillé toute leur vie et que si quelqu'un d'autre achetait, ils récupéreraient tout leur argent tout de suite, raconte Nathalie Légaré. Il me fallait un partenaire financier pour m'enlever un poids sur les épaules, comme j'ai l'héritage de mes parents en mains. Ce n'était pas facile en sortant de la crise. La FTQ m'a finalement accordé un prêt. D'ici 2021, j'aurai tout racheté. Je suis contente, car mon père a déjà touché une bonne somme.»

L'arrivée de Nathalie Légaré à la présidence annonce peut-être une expansion. D'ici 2012, Location Jean Légaré pourrait avoir une deuxième adresse. «La cour devient petite! note Nathalie Légaré. Chaque année, on ajoute environ 20 camions au parc. Une nouvelle adresse nous permettrait de séparer celle-ci et de rentabiliser plus de véhicules.»

Après deux années d'incertitudes, financières notamment, la voie est maintenant libre pour celle qui aidait déjà ses parents «à faire des états de comptes alors (qu'elle venait) d'apprendre à écrire! dit Nathalie Légaré. Notre enseigne vient d'être changé. Pendant trois ou quatre ans, on a juste roulé sans trop investir. On s'est limités dans les projets. Là, on peut regarder vers l'avenir... et espérer d'être appuyés par de bons partenaires financiers.»