Les vents violents et le cocktail de précipitations vendredi ont provoqué des pannes « de grande ampleur » sur l’ensemble du Québec, de nombreuses sorties de route, des rafales record et bien des maux de tête à l’aéroport international de Montréal.
Vers 23 h 45, plus de 370 000 foyers étaient toujours privés d’électricité. Les régions les plus touchées étaient la Capitale-Nationale, la Montérégie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, les Laurentides, l’Outaouais et l’Estrie.
D’un bout à l’autre de la province, la neige, la pluie verglaçante et les vents violents ont rendu la circulation automobile difficile. En matinée, la Sûreté du Québec observait déjà « beaucoup de sorties de route », a indiqué le porte-parole Stéphane Tremblay. L’une d’elles a coûté la vie à un homme de 37 ans après un accident dans le rang du 40 à Saint-Louis-de-Gonzague, en Montérégie.
Tout au long de la journée, d’importantes quantités de neige se sont abattues sur le Québec. En fin d’après-midi, Notre-Dame-des-Prairies dans Lanaudière avait déjà reçu 43 cm de neige, selon Environnement Canada. Sainte-Agathe-des-Monts suivait de près avec 40 cm. Par ailleurs, les forts vents n’ont pas ménagé la province, notamment à Cap-Rouge, au Saguenay, et à l’île d’Orléans, où des rafales de 119 km/h ont été enregistrées.
Québec et le Saguenay fortement touchés
Avec 89 000 clients privés de courant, la région de Québec a été la plus touchée par les pannes. Les rafales ont également balayé la capitale nationale, où des vents de 120 km/h ont été enregistrés à l’aéroport de Québec, un record pour un mois de décembre, a indiqué MétéoMédia.
Des toits ont été arrachés par les vents et des abris d’auto se sont envolés, si bien que la Sécurité publique de la Ville de Québec a recommandé aux piétons de limiter leurs déplacements « afin de [se] protéger des objets qui [pouvaient] être projetés par les forts vents ».
La tempête a aussi entraîné le débordement du fleuve Saint-Laurent vendredi après-midi sur la rue Dalhousie, à Québec, à la hauteur du navire AML Louis Jolliet.
Une voie sur trois était également fermée dans chaque direction sur le pont Pierre-Laporte à Québec.
La tempête hivernale a fortement secoué le Saguenay–Lac-Saint-Jean vendredi. En après-midi, la rivière Saguenay a débordé, ce qui a forcé la fermeture d’un tronçon du boulevard Saguenay. Une partie des toits du Centre Mario-Tremblay, à Alma, et de l’aréna de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) se sont détachés des bâtiments.
Des refuges ont également été aménagés pour accueillir les personnes qui devaient passer la nuit au froid. La réserve faunique des Laurentides, entre Québec et Saguenay, était fermée à la circulation. On attendait jusqu’à 70 cm dans la région d’ici à ce samedi.
Réveillonner à la chandelle
Bien que des Québécois risquent d’avoir un réveillon sans électricité, la majorité d’entre eux n’auront pas à passer le 25 décembre dans le noir. Hydro-Québec vise à rétablir la plupart des clients privés d’électricité avant dimanche soir. Certaines pannes se poursuivront toutefois jusqu’en début de semaine.
« Ce sont des pannes de grande ampleur qui couvrent l’ensemble du Québec. On travaille le plus rapidement possible, mais avec un souci de grande sécurité pour nos employés et le public », a déclaré Éric Fillion, vice-président exécutif, chef de l’exploitation et de l’expérience client chez Hydro-Québec, en conférence de presse vendredi après-midi.
Vers 16 h vendredi, Hydro-Québec enregistrait plus de 1800 pannes à travers la province, le plus souvent causées par de la neige lourde et la chute de branches d’arbres sur les fils électriques.
La météo ralentit toutefois les déplacements sur le réseau et empêche les travailleurs de pratiquer certaines interventions. « On a également des rafales à plus de 100 km/h qui sont survenues à différents endroits au Québec et qui viennent compliquer la situation. Ces vents-là vont se poursuivre jusqu’à la soirée du 24 décembre », a indiqué M. Fillion.
Des vols annulés et retardés
La tempête a donné bien des maux de tête à l’aéroport international de Montréal, où les retards et les annulations de vols se comptaient par dizaines. De nombreux voyageurs rencontrés par La Presse croisaient les doigts au moment de consulter le tableau des départs des vols.
La majorité des annulations de vols ont été causées par les conditions météorologiques aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes.
De nombreux départs vers les destinations soleil prisées des vacanciers ont été retardés, mais pas annulés.
Pour la journée de samedi, « nous prévoyons des opérations à la normale », indiquait dans un courriel transmis vers 16 h Éric Forest, conseiller aux communications corporatives chez Aéroports de Montréal (ADM). En soirée, des retards étaient toutefois déjà prévus pour certains vols samedi.
Parmi les personnes qui ont fait les frais des annulations en série des vols vers la Ville Reine figurent les moniteurs de sauvetage océanique Alexandra Désilets et Jonathan Trottier, qui devaient passer par Toronto pour se rendre à Hawaii, la destination pour la formation qu’ils donnent.
« On savait, en tant qu’organisateurs, qu’il y aurait sûrement une période d’attente », a lancé Alexandra pour expliquer la présence sur le plancher de l’aérogare du matelas gonflable qu’elle avait décidé de trimballer, et sur lequel étaient assis quelques-uns des membres du groupe.
En vue de la tempête, plusieurs centres de services scolaires avaient annoncé jeudi la fermeture de tous leurs établissements vendredi. De nombreuses stations de ski ont également fermé leurs portes vendredi, notamment le Mont-Orford, Sutton, le Mont Saint-Bruno, Morin-Heights, Stoneham et Le Relais.
Avec Gabriel Béland, Marie-Eve Morasse, La Presse, et La Presse Canadienne et Le Quotidien