La Société de transport de Montréal (STM) a décidé de contourner des arrondissements qui refusaient de lui délivrer les permis nécessaires pour lancer des chantiers du prolongement de la ligne bleue.

Dans une série de quatre lettres officielles diffusées cette semaine, le transporteur invoque ses pouvoirs spéciaux pour se soustraire au processus d’approbation municipale ordinaire.

Les arrondissements de Saint-Léonard et d’Anjou n’ont « pas délivré les autorisations nécessaires à la réalisation du prolongement de la ligne bleue », constate Maha Clour, la cheffe d’orchestre du projet.

Les chantiers concernés sont ceux des deux édicules de la « future station de métro Anjou », « la future station de métro Langelier », ainsi qu’une structure auxiliaire de ventilation. Certains doivent débuter dès septembre prochain.

Le pouvoir spécial de contourner les autorités municipales a été accordé au projet de prolongement de la ligne bleue par l’entremise de la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure, votée par le gouvernement Legault en 2020.

Les lettres précisent les motifs invoqués par les arrondissements pour refuser des permis : un aménagement extérieur a été jugé non conforme par Anjou, la STM n’a pas joint des photos des arbres qu’elle comptait abattre à Saint-Léonard, et les deux arrondissements soulignent que des informations étaient manquantes dans les demandes.

« Un projet hors norme »

Dans une déclaration écrite, la STM a défendu son utilisation de ses pouvoirs spéciaux et assure qu’elle travaille « dans un esprit de collaboration avec les partenaires ».

« La réalisation d’un prolongement de métro comme celui de la ligne bleue représente un projet hors norme qui nécessite pour certains aspects des adaptations au cadre réglementaire applicable », a fait valoir le relationniste Kevin Bilodeau. L’organisation « travaille en étroite collaboration avec les arrondissements concernés par les travaux du prolongement de la ligne bleue ainsi que la Ville Centre ».

La STM assure même que l’utilisation des pouvoirs spéciaux résulte d’une « mécanique convenue » avec les arrondissements : s’ils ne souhaitent pas modifier leur réglementation locale pour l’adapter au projet de la STM, ils peuvent simplement laisser l’organisation utiliser ses pouvoirs spéciaux.

Anjou et Saint-Léonard n’ont pas rappelé La Presse vendredi.

L’inauguration des cinq nouvelles stations du prolongement de la ligne bleue est prévue pour 2030.

L’appel d’offres pour le creusage de l’immense tunnel de 6,5 km s’est terminé le 1er février dernier, mais l’entreprise retenue n’a toujours pas été annoncée par la STM. La Presse a rapporté que seul le consortium Horizon Bleu Mobilité, mené par Pomerleau, était toujours intéressé par le projet. Le groupe, convaincu d’être seul en lice, avait même menacé de se retirer du processus si certains éléments du futur contrat n’étaient pas modifiés à son avantage.

Le résultat de l’appel d’offres devrait être connu au plus tard le 30 juillet 2024.