Montréal mise sur un vaste réseau de tramway de près de 200 kilomètres pour desservir la majorité de son territoire d’est en ouest d’ici 2050. Dans le nord de l’île, l’intention est de multiplier les services rapides par bus (SRB). Et dans un horizon de 25 ans, la Ville veut aussi faire revivre la ligne rose, un projet cher à Valérie Plante.

C’est ce qu’on apprend dans le Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) 2050, rendu public mardi. Une carte des projets de transport collectif montre l’étendue des ambitions de la Ville, qui veut d’ici 2040 avoir développé un réseau de tramway « reliant le territoire d’est en ouest de la ligne orange », avec de potentiels prolongements jusqu’en 2050.

La dizaine de circuits de tramways proposée totaliserait 184 kilomètres. Aucun échéancier ni coût n’ont été avancés, mais la Ville parle d’« investissements majeurs », en dizaines de milliards de dollars.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

En rose, les futures lignes de tramway projetées par la Ville de Montréal. En vert, on peut voir le REM, en noir, le réseau de métro, et en turquoise, les axes de SRB.

« On est très conscients qu’on ne contrôle pas les décisions financières en matière de développement du transport. On est somme toute assez dépendants du gouvernement […], mais pour nous, c’était important de montrer la voie », a fait valoir mardi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en réitérant que cette vision est « un cadeau » pour Québec et sa future agence des transports.

En attendant, nous, ça ne va pas nous empêcher de toujours bonifier notre service d’autobus. […] Ce qu’on dit aujourd’hui, c’est : “Voilà à quoi on aspire.”

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Un appel à la compréhension

Questionnée sur les multiples chantiers et cônes orange que ces nombreux projets de transport généreraient sur l’île, la mairesse répond que « les gens seront d’accord » et compréhensifs s’ils voient que les travaux sont faits dans une perspective d’amélioration de leurs conditions de vie.

Pour l’heure, un seul projet de tramway est sur les rails, soit le Projet structurant de l’Est (PSE), qui a remplacé le REM de l’Est mort au feuilleton. Fin mai, La Presse révélait que la dernière mouture du projet doit faire 38 km, compter 31 stations, coûter 18,6 milliards et se rendre de l’est de Montréal jusqu’à Repentigny, avec une portion en souterrain sous la rivière des Prairies. On envisage une livraison en 2035.

Dans le nord-est de l’île, la Ville compte miser davantage sur le développement massif d’axes de service rapide par bus (SRB), comme c’est déjà le cas sur l’axe Pie-IX. La Ville ambitionne notamment d’en développer le long de la ligne orange, ainsi que dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, voire Montréal-Nord.

Le principe de « corridor de mobilité durable », jumelant un SRB à un axe du Réseau express vélo (REV) comme cela est prévu d’ici 2027 sur le boulevard Henri-Bourassa, est aussi appelé à se multiplier au centre et dans le sud de l’île. Le tout s’accompagnerait du développement important de voies réservées ; le PUM fait état d’une dizaine de telles voies présentement « à l’étude ».

Dans l’opposition, on estime que « l’administration met sur papier ses fantasmes les plus utopiques, mais devrait plutôt consacrer toutes ses énergies à concrétiser les projets déjà dans les cartons depuis des années ». « C’est rêver en couleur de penser que 70 % des déplacements se feront en transport collectif ou actif d’ici 25 ans sans garanties de sommes des autres paliers gouvernementaux », note son chef, Aref Salem.

300 km en plus

Au bout du compte, Montréal ambitionne d’ajouter « près de 300 kilomètres d’infrastructure » à son réseau de transport collectif structurant en à peine 25 ans. Cela ferait passer de 30 à 75 % la proportion de la population ayant accès à un système de transport à proximité de sa résidence.

D’ici 15 ans, l’administration Plante espère aussi que le prolongement de la branche ouest de la ligne orange soit « complété ». À ce jour, le scénario le plus souvent mis de l’avant est un prolongement au nord de la station Côte-Vertu, en passant par la future station Bois-Franc du REM jusqu’à Laval.

Sur le long terme, en 2050, la performance du transport collectif serait « rehaussée par l’ajout d’une nouvelle ligne de métro, la ligne rose », lit-on dans le PUM, qui ne donne que très peu de détails sur son tracé potentiel. Sa forme actuelle, baptisée « projet du grand Sud-Ouest », doit pour le moment relier Lachine au centre-ville de Montréal, mais n’a franchi aucune étape formelle, hormis la consultation.

Du côté des transports actifs, la municipalité entend « doubler la taille du réseau cyclable supérieur », en y ajoutant plus de 450 kilomètres de pistes à deux roues. On espère ainsi continuer à implanter une « culture vélo », même l’hiver, l’augmentation des utilisateurs récurrents ayant déjà bondi de 42 % entre 2015 et 2020.

200 000 logements

Comme le révélait La Presse mardi, Montréal veut aussi développer 200 000 logements de plus d’ici 2050, dont 20 % seraient « hors marché », pour stimuler l’achalandage autour du transport collectif. La Ville vise à atteindre un seuil de 12 % de logements « hors marché » d’ici 10 ans. Ce taux est actuellement de 7 %. Pour ce faire, la Ville adoptera une nouvelle mesure de la densification, basée sur le nombre de logements par hectare, avec des barèmes pour une zone de densification faible, modérée ou élevée. Un secteur classé de première catégorie pourra développer entre 15 et 60 unités par hectare, tandis qu’un quartier considéré comme « modéré » pourra faire entre 60 et 200 logements par hectare. Dans les niveaux les plus élevés de densification, on pourra dépasser 200 logements par hectare. Quant aux hauteurs, cela dépendra des secteurs et des arrondissements, qui pourront préciser leur réglementation. Le principe de prédominance de la hauteur du mont Royal demeurera toutefois.

En savoir plus
  • 30 %
    La Ville veut consacrer « au moins 30 % » de l’emprise publique des rues à des infrastructures vertes et à la mobilité durable d’ici 2050.
    Source : VILLE DE MONTRÉAL
    460
    C’est le nombre d’hectares que Montréal espère avoir protégé d’ici 25 ans. La Ville veut aussi verdir son territoire à 40 %.
    Source : VILLE DE MONTRÉAL