De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Le keffieh au Salon bleu

La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal a porté le keffieh mercredi au Salon bleu pour réclamer l’annulation de l’ouverture du bureau du Québec à Tel-Aviv, en Israël. « [C’est] un symbole du patrimoine culturel palestinien très important pour mon peuple d’origine et ma famille », a déclaré l’élue née au Liban. Or, le hasard a voulu que Ted Arnott, président de l’Assemblée législative de l’Ontario – qui a interdit le port du keffieh –, se trouve dans les tribunes de l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une rencontre de l’Association parlementaire Ontario-Québec. Ted Arnott a récemment demandé, deux fois, l’expulsion de la députée indépendante ontarienne Sarah Jama pour avoir porté le foulard à carreaux traditionnel du Proche-Orient. Selon lui, le keffieh était porté dans le but de faire une « déclaration politique ». À Québec et à Ottawa, quiconque veut le porter peut le faire.

La citation de la semaine

Je suis terrorisée, tétanisée à penser que ma fin de vie puisse ressembler à la sienne.

Sandra Demontingy, une femme de 45 ans atteinte d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer, a lancé un cri du cœur à Ottawa cette semaine pour que le gouvernement permette les demandes anticipées d’aide médicale à mourir. Elle a vu son père souffrir de cette maladie.

À qui la tasse ?

PHOTO FANNY LÉVESQUE, LA PRESSE

La tasse du ministre Mathieu Lacombe appartient à… l’ex-députée caquiste Émilie Foster !

Comme son collègue Pierre Fitzgibbon, le ministre de la Culture et des Communications Mathieu Lacombe a été aperçu dans les corridors de l’hôtel du Parlement tasse de café à la main. Dans le cas du superministre, les caméras avaient pu capter que la véritable propriétaire de l’objet était l’ex-ministre de la Santé et des Services sociaux Danielle McCann, puisque son nom était inscrit dessous. Les journalistes n’ont pas raté l’occasion de demander à M. Lacombe de soulever sa tasse pour vérifier à qui elle appartenait. Réponse ? À l’ex-députée caquiste Émilie Foster. « Va vraiment falloir faire le ménage dans les tasses », a laissé échapper en riant l’attaché de presse qui accompagnait le ministre. L’histoire veut que pendant la pandémie, les élus aient inscrit leur nom sous leur tasse pour éviter de les partager.

Les phoques peuvent dormir tranquilles

Suggestion de lecture pour Brigitte Bardot et Pamela Anderson : le rapport d’un comité sénatorial intitulé Assurer l’avenir de la chasse au phoque. En gros, l’industrie n’en a pas beaucoup, d’avenir. « Même si la chasse au phoque est actuellement pratiquée sans cruauté et est bien réglementée, le total autorisé de captures à des fins commerciales fixé par Pêches et Océans Canada n’a pas été atteint depuis longtemps, et […] la chasse au phoque n’est plus financièrement viable pour la majorité de ses pratiquants », y lit-on. Le comité reproche à Ottawa de ne pas se fonder sur des preuves scientifiques pour gérer les populations de phoques, et montre notamment du doigt « la mésinformation et désinformation » sur cette chasse. Exemple : le Canada chasse les bébés phoques (les blanchons et les dos bleus). En réalité, « la chasse des petits du phoque du Groenland (blanchons) et des petits du phoque à capuchon (dos bleus) est interdite au Canada, et ce, depuis 1987 », précise-t-on dans le rapport.

Le chiffre de la semaine : 2 millions

C’est le nombre d’aînés qui se sont inscrits au programme fédéral de soins dentaires depuis son lancement

Une course entre hommes chez les libéraux ?

En janvier, Marc Tanguay et Marwah Rizqy nous disaient que leurs téléphones sonnaient, alors que des aspirants chefs réfléchissent à se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec. Alors que l’ancien premier ministre Jean Charest sera présent à Bromont ce samedi pour célébrer les 10 ans de l’arrivée au pouvoir de Philippe Couillard, le dernier chef libéral à avoir formé un gouvernement en 2014, M. Tanguay a remis un vieux slogan au goût du jour : « Je suis prêt, nous sommes prêts… Quel beau slogan ! On nous le rappelle ce matin. Faites-vous-en pas, ça va revenir ! » Mais qui incarnera ce « vent nouveau » sur le parti, au plus bas dans les intentions de vote chez les francophones ? À l’heure actuelle, tous les noms qui circulent sont ceux d’hommes : le député Frédéric Beauchemin, l’ancien maire Denis Coderre, le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec Charles Milliard, celui du Conseil du patronat Karl Blackburn… Une course entre hommes, en 2025 ? « Je pense que ce serait évidemment important » qu’il y ait des femmes, a convenu M. Tanguay.

Cri du cœur d’un médecin de l’Outaouais

Le président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais, Peter Bonneville, a dénoncé la qualité des soins « pitoyable » qui est offerte aux patients de la région par le réseau public. « J’ai honte des soins qu’on donne en Outaouais en ce moment. Je n’ai pas peur de le dire : j’ai honte. […] Je ne sais pas quoi vous dire de plus », a-t-il lancé dans une sortie remarquée jeudi au parlement. Il était invité par le député libéral André Fortin. La région est aux prises avec un exode du personnel, qui préfère aller travailler en Ontario où les salaires sont meilleurs. Le CISSS a dû mettre en place un « plan de contingence » pour l’été. L’hôpital de Gatineau a sept salles d’opération, mais une seule sera ouverte sept jours sur sept pendant l’été. « Nous, on a peur qu’avec les plans de contingence actuels […] que ceci mette en danger plein de monde dans l’Outaouais », a-t-il affirmé. En arrivant à l’Assemblée nationale avec une pétition, le Dr Bonneville s’est senti « comme un mendiant » : « J’ai un GoFundMe pour une maladie rare. Cette maladie rare là, c’est de rester en Outaouais. S’il vous plaît, aidez-nous. »

Parlez-vous français ?

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député libéral Francis Drouin

La nouvelle passion de certains députés libéraux fédéraux pour la langue de Molière n’est pas passée inaperçue à Ottawa cette semaine. L’Assemblée parlementaire de la Francophonie comptait 77 nouveaux membres venus à la rescousse du député Francis Drouin. « Pour la première fois, l’APF a dû envoyer un ordre du jour en anglais. Elle a même dû convoquer des interprètes pour les libéraux unilingues anglophones soudainement épris de la langue française », a dénoncé le député bloquiste René Villemure. La motion pour démettre M. Drouin de ses fonctions de président a été défaite. L’élu franco-ontarien s’était mis dans l’embarras il y a quelques semaines en traitant des témoins avec qui il était en désaccord d’« extrémistes » et de « pleins de marde ». Ceux-ci présentaient des données sur le rôle du cégep en anglais comme facteur d’assimilation.