(Québec) Le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, multiplie les appels et les rencontres dans ce qui devient le secret le moins bien gardé de la colline Parlementaire : il prépare le terrain pour son arrivée dans la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ). S’il ne confirme pas encore qu’il sera de la ligne de départ, plus de 80 jeunes libéraux s’allient pour le convaincre de faire le saut. Le député André Fortin verrait son arrivée d’un bon œil.

Le fils de l’ancien ministre libéral Sébastien Proulx et actuel vice-président aux affaires externes de la commission jeunesse du parti (CJPLQ), Nicolas Proulx, la vice-présidente aux affaires internes, Maïa Gonthier, et le président régional de la région métropolitaine de Québec, Théo Mazroui, ont transmis à La Presse une lettre ouverte signée par 81 jeunes membres et sympathisants libéraux pour convaincre M. Milliard, 44 ans, « de briguer la chefferie du Parti libéral1 ». Ils voient en lui le candidat idéal pour « proposer un projet politique qui permettra de reconnecter avec les Québécois ».

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Nicolas Proulx

« Actuellement, on n’est pas en train de former son équipe de campagne, mais on réunit des gens qui souhaitent sa candidature. On veut lancer le message aux militants qui souhaitent que M. Milliard se lance de se joindre à notre [mouvement] », explique M. Proulx, qui donnera une mêlée de presse ce samedi au conseil général du PLQ à Bromont, entouré d’une vingtaine de signataires.

Dans leur lettre, les jeunes libéraux écrivent que « le PLQ est à la croisée des chemins » et que le prochain chef doit « avoir l’expérience et la crédibilité nécessaires pour [qu’il] redevienne le véritable parti de l’économie ». Ce thème sera d’ailleurs débattu tout au long du week-end en Estrie, et ce, alors que la commission politique nationale du PLQ, présidée par André Pratte, propose d’ériger la hausse de la « productivité » comme un projet aussi porteur pour l’histoire du Québec que l’a été la construction des grands barrages hydroélectriques.

Pour les jeunes libéraux qui soufflent dans les voiles du PDG de la Fédération des chambres de commerce depuis 2019 et ancien vice-président des pharmacies Uniprix, il est l’homme tout désigné pour succéder à Dominique Anglade à la tête du parti. Selon nos informations, M. Milliard a été sollicité ces derniers mois pour se lancer dans la course, mais il a aussi rencontré d’anciens organisateurs, d’anciens élus et des députés pour discuter avec eux. Dans le caucus actuel, le député de Pontiac en Outaouais, André Fortin, n’aurait que de bons mots pour lui.

Ses adversaires potentiels

À moins d’un revirement de situation inattendu, le député de Marguerite-Bourgeoys et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie et de finances, Frédéric Beauchemin, devrait aussi confirmer sa candidature dans un avenir pas trop éloigné. Officiellement en « réflexion », il a récemment obtenu l’appui de l’ancien ministre des Finances Carlos Leitão.

Parmi les autres noms qui circulent abondamment, le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn, est cité comme un candidat potentiel toujours en réflexion. La Presse révélait également cette semaine que des libéraux issus de l’aile conservatrice du parti encourageaient le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, à tenter sa chance. L’ancien maire de Montréal, Denis Coderre, doit aussi confirmer ses intentions plus tard ce printemps.

À ce jour, aucune femme n’a indiqué son intérêt pour se lancer dans la course. Le chef par intérim du parti, Marc Tanguay, a affirmé mercredi qu’il espérait que la situation change. Le prochain chef libéral sera élu par les membres le 14 juin 2025 à Québec. Pour l’emporter, un candidat doit obtenir au moins 50 % des voix +1. Selon la formule adoptée par le parti, les votes des jeunes (moins de 26 ans) comptent pour le tiers du résultat.

En Europe, Coderre prépare son retour

Depuis le chemin de Compostelle où il marche ce mois-ci, Denis Coderre lance un message aux militants libéraux qui sont réunis cette fin de semaine en conseil général : « le PLQ a besoin de se retrouver ». Et visiblement, l’ancien maire veut s’assurer que le parti le trouve sur sa route cet automne, dans le contexte où il promet de visiter les 125 circonscriptions du Québec.

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Denis Coderre.

En entrevue avec La Presse, tout en déclinant pêle-mêle des priorités comme nationaliser l’eau ou bien donner aux villes le pouvoir de négocier directement avec Ottawa, M. Coderre affirme qu’il a eu l’impression dans les derniers temps que « tout ce qui a 45 ans et plus est une couche jetable ».

« Au Parti libéral, on a besoin de quelqu’un de terrain, connu et reconnu, qui connecte avec les gens. Quelqu’un qui a une grande notoriété et de la capacité de gestion », dit-il. L’ancien maire sera de retour à Montréal le 31 mai. Il promet d’assister aux funérailles nationales de Jean-Pierre Ferland en juin et devrait officialiser, avant l’été, qu’il est de la ligne de départ.

Lisez la lettre ouverte de la Comission jeunesse du Parti libéral du Québec

Ce qu’il faut savoir

Les militants libéraux sont réunis en conseil général ces samedi et dimanche à Bromont pour voter des résolutions concernant l’économie. Leur priorité est d’améliorer la productivité en entreprise.

Plus de 80 jeunes militants et sympathisants libéraux signent une lettre ouverte, transmise à La Presse, pour inciter le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, à se lancer dans la course.

Comme d’autres aspirants chefs, M. Milliard a rencontré ces dernières semaines des membres du parti, dont des députés, pour sonder le terrain.