Alors que les écoles québécoises multiplient les interventions afin d'assurer une saine alimentation entre leurs murs, la malbouffe reste très souvent accessible aux élèves dès qu'ils sortent de la cour d'école. C'est encore plus flagrant pour les écoles défavorisées. Selon une nouvelle étude de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 82,7% des écoles défavorisées se trouvent à moins de 750 mètres d'un dépanneur et 75% à moins de 750 mètres d'un restaurant-minute.

Le document «L'environnement bâti autour des écoles et les habitudes de vie des jeunes: état des connaissances et portrait du Québec» propose une analyse de l'accessibilité des écoles publiques du Québec aux restaurants-minute et aux dépanneurs, ainsi qu'aux infrastructures de loisirs, aux pistes cyclables et au potentiel piétonnier. Un premier portrait partiel avait été publié pour la première fois en 2009 par l'INSPQ. Il est cette fois étoffé et mis à jour.

«On a voulu caractériser l'environnement bâti autour des écoles publiques. Une fois ces données entre les mains, nous pourrons étudier le lien potentiel entre la proximité de restaurants-minute et dépanneurs sur la fréquentation de ceux-ci, sur les habitudes alimentaires et le poids corporel des élèves», indique Éric Robitaille, conseiller scientifique à l'INSPQ et coauteur de l'étude. À ce jour, il n'existe pas de données du genre à l'échelle du Québec. Son équipe publiera une étude en ce sens l'an prochain.

«La plupart des recherches réalisées ailleurs qu'au Québec montrent qu'il y a un impact significatif sur la présence de restaurants-minute et dépanneurs près des écoles sur les habitudes alimentaires, mais nous avons noté que le lien est encore plus fort entre la proximité de ces commerces et le poids corporel des jeunes. Nous en avons été particulièrement étonnés», dit M. Robitaille.

Jeunes en surplus de poids

Entre 1978-1979 et 2004, la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité a augmenté de 55% chez les 2 à 17 ans au Québec. En 2004, près du quart (22,6%) des jeunes avaient un surplus de poids et le tiers d'entre eux étaient obèses (7,1%), rappellent les auteurs. Ils soulignent que seulement 30% des élèves du secondaire pratiquent une activité physique au moins 60 minutes par jour, comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé.

«Les résultats montrent que les écoles ayant des élèves provenant de milieux défavorisés sur le plan du revenu ont plus de chance, tant en milieu rural qu'en milieu urbain, d'avoir un restaurant-minute ou un dépanneur à proximité», écrivent les auteurs. À l'inverse, ceux-ci ont davantage accès aux pistes cyclables et à un potentiel piétonnier élevé. Un avantage? «Des mesures de sécurité moins développées dans des quartiers défavorisés pourraient nuire au transport actif et à la pratique d'activité physique, mais nous n'avons pas étudié ce déterminant», précise Éric Robitaille. La proximité des infrastructures de loisirs diffère peu et l'impact est peu significatif, note-t-on.

À la lumière de leurs données, les auteurs suggèrent notamment une amélioration de l'offre à l'intérieur des dépanneurs, à l'image du projet-pilote «Une pomme avec ça? Projet dépanneurs santé» mis de l'avant par la Direction de santé publique de Montréal jusqu'en 2016. Ils rappellent que les municipalités peuvent agir concrètement, comme l'a fait la ville de Rosemère, qui a adopté en 2012 un règlement interdisant la restauration rapide à proximité des écoles. On propose également de «favoriser l'implantation de pistes cyclables sécuritaires, de miser sur les corridors scolaires et de mettre en place des programmes tels «À pied, à vélo, ville active!» », résume Éric Robitaille.